20 Minutes (Toulouse)

L’Italie mérite qu’on lui lèche la botte

La Squadra Azzurra, qui affronte la Belgique en quart de finale de l’Euro ce vendredi (21 h), est l’équipe frisson de la compétitio­n

- Nicolas Stival

Certains facteurs sont immuables : les joueurs italiens trimballen­t une classe certaine et chantent à gorge déployée l’hymne le plus entraînant de la planète. En revanche, leur style de jeu n’a pas toujours fait lever les foules. Pis : les résultats récents ont longtemps été indignes d’une nation quadruple championne du monde, avec comme point critique la non-qualificat­ion pour le Mondial 2018.

Mais, depuis le récital en ouverture de cet Euro contre la Turquie (3-0), la Squadra Azzurra propose un jeu mêlant solidité défensive et allant offensif qui passera au révélateur belge, ce vendredi (21 h) à Munich, en quart de finale. « Cette équipe plaît et fait envie, juge Benoît Cauet, resté un fin observateu­r du foot transalpin depuis son passage comme joueur, de 1997 à 2003 à l’Inter

Milan, au Torino, puis à Côme. Elle est beaucoup plus moderne qu’avant, lorsqu’il s’agissait davantage de contreatta­quer que de faire le jeu.»

L’apport de Mancini

« On a eu besoin de rater les années 2010 pour se rendre compte que garder l’avantage ne suffisait plus, analyse Giacomo, cheville ouvrière du site français spécialisé FrSerieA. Depuis l’arrivée de Mancini, on voit des scores fleuves, contre des petites équipes certes, mais que l’on battait avant 1-0.»

Car, au-delà des joueurs, Roberto Mancini est le véritable artisan du renouveau de la sélection italienne. Sous la houlette de l’ancien attaquant internatio­nal de la Sampdoria de Gênes, arrivé en mai 2018, celle-ci a fait sa mue. « Quand Gianpiero Ventura, qui n’avait aucune référence de haut niveau, est parti, Mancini présentait le profil parfait, avec une grosse expérience et un rôle de manageur et non seulement d’entraîneur, estime François Lerose, rédacteur en chef de Calciomio. Il a intégré beaucoup de joueurs, comme Jorginho. Il a remis Verratti en confiance, il a relancé un Immobile tombé en désuétude. Il y a eu une alchimie, et la mentalité a changé. »

Par rapport à ses glorieuses devancière­s, la Squadra Azzurra ne présente plus de superstars mondiales comme les Baggio, Del Piero ou Totti. Mais elle affiche une vraie cohésion, avec des éléments qui ne jouent pas seulement dans les grands clubs comme la Juventus ou l’Inter, mais aussi au Torino (Sirigu, Belotti) ou à Sassuolo (Locatelli, Berardi, Raspadori). « Ces joueurs aiment être ensemble, alors qu’historique­ment, cela a rarement été le cas, avance Roberto Infascelli, reporteur à la radio romaine Tele Radio Stereo. Individuel­lement, l’équipe n’est pas si forte. Le vrai champion, c’est Verratti, qui évolue dans un grand club et a de l’expérience.» Il reste maintenant à voir comment se comportera la sélection de Mancini face aux Belges. « Si les Italiens devaient s’arrêter, ce serait déjà un grand Euro, lance Benoît Cauet. Mais le vainqueur de ce quart sera peut-être celui de la compétitio­n. »

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P. Chesterton / Sipa Les Italiens proposent un jeu mêlant solidité défensive et allant offensif.

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