20 Minutes (Toulouse)

Les avocats du mari plaident pour d’autres pistes

Mardi, ils se sont efforcés de démonter point par point les indices qui ont conduit à la détention du mari de Delphine Jubillar

- Béatrice Colin

Non, je n’ai rien à déclarer. » Ce sont les seuls mots prononcés par Cédric Jubillar, mardi matin, lors de l’audience d’examen de sa demande de remise en liberté à Toulouse. Le mari de Delphine, disparue depuis le 16 décembre à Cagnac-les-Mines, est apparu à l’écoute de ses avocats, qui ont évoqué les pièces à charge du dossier, les démontant les unes après les autres. Durant plus de quatre heures, la défense, les parties civiles et l’accusation ont rappelé les éléments qui ont conduit à la mise en examen du peintre-plaquiste de 34 ans le 18 juin pour « meurtre sur conjoint ». Emmanuelle Franck, l’un de ses avocats, est revenue sur les cris apeurés d’une femme et les aboiements de chiens entendus par une voisine et sa fille, dont la maison se situe à 130 m du domicile des Jubillar. Au-delà du fait que les plus proches voisins n’ont rien entendu, elle s’est employée à démontrer que l’heure ne pouvait pas coller. Elle a aussi évoqué la couette qui couvrait le matelas où dormait Delphine Jubillar, et qui a été lavée juste après sa disparitio­n. Lorsque les gendarmes sont arrivés à 4 h 50 au domicile des Jubillar, près de quarante minutes après l’appel de Cédric, ce dernier était en train de mettre du linge dans la machine. Un élément important pour l’accusation. Sauf que la couette n’a été découverte que trente-quatre heures après l’appel aux gendarmes et qu’entre-temps, ils ne se sont pas préoccupés du linge.

« Un homme s’accuse et on ne fait rien »

Les trois avocats de Cédric Jubillar ont aussi tenté de montrer que toutes les pistes n’avaient pas été suivies. Notamment celle d’un homme originaire d’Albi, ayant envoyé des textos à son ex-compagne dans lesquels il s’accuse du meurtre. « Il a été auditionné et il a dit qu’il voulait mettre la pression à son ancienne compagne. On a un homme qui s’accuse et on ne fait rien », a critiqué Me Jean-Baptiste Alary. Autre fait mis en avant, le témoignage de deux automobili­stes qui ont vu en pleine nuit, dans un chemin de campagne, à 2,5 km de Cagnac, une voiture au plafond allumé et un homme courant. « Et ça, ce n’est pas une piste intéressan­te que l’on fait mine d’écarter », plaide Me Alexandre Martin.

Si la défense a marqué des points, l’accusation n’a pas été en reste. L’enquête a en effet révélé que Cédric Jubillar avait à plusieurs reprises dit qu’il allait tuer sa femme et l’enterrer dans un endroit où on ne pourrait pas la retrouver. Des menaces prononcées devant sa mère et un voisin. Son attitude a aussi été pointée du doigt par l’avocat général, qui a plaidé pour son maintien en détention.

Il a rappelé que le 16 décembre, lorsque Cédric Jubillar rallume à 3 h 53 son téléphone, la première chose qu’il fait est de se connecter à un site de rencontres, « avant même d’appeler les amis et les gendarmes ». « À tout cela s’ajoute sa garde à vue. Il est en contradict­ion totale avec luimême, il peut dire une chose, puis le contraire », a pointé l’avocat général, Bernard Lavigne. Cédric Jubillar saura ce jeudi à 11 h 30 s’il reste en détention provisoire.

 ?? F. Scheiber / AFP ??
F. Scheiber / AFP
 ?? B. Colin / 20 Minutes ?? Les avocats Emmanuelle Franck, Jean-Baptiste Alary et Alexandre Martin.
B. Colin / 20 Minutes Les avocats Emmanuelle Franck, Jean-Baptiste Alary et Alexandre Martin.

Newspapers in French

Newspapers from France