20 Minutes (Toulouse)

La recette pour cerner « Annette »

- S.L.

C’est son sixième film en presque quarante ans de carrière. Leos Carax est un cinéaste dont les oeuvres recèlent toujours une profondeur insoupçonn­ée.

Annette ne fait pas exception. La comédie musicale connaît dans sa deuxième partie un renverseme­nt de situation, prêt à vous retourner le coeur. Les âmes sensibles sont prévenues ! Et mieux vaut savoir deux ou trois choses pour ne pas se laisser abattre. La première, c’est que Leos Carax n’est pas l’auteur du scénario. Ce sont les frères Sparks qui sont venus lui proposer cette histoire d’amour, de provocatio­ns et de larmes dans un couple d’artistes dont la passion se désagrège dès la naissance de leur enfant.

Faire accepter ce mauvais père

Cette histoire, Leos Carax a longtemps hésité à accepter d’en faire un film pour des raisons personnell­es. L’actrice russe Katerina Golubeva, qui partageait sa vie, était décédée peu de temps auparavant, et le cinéaste craignait que l’histoire d’Annette puisse troubler sa fille de 9 ans. « Est-ce que je pouvais vraiment faire un film sur un si mauvais père, à ce moment-là de ma vie ?, demande-t-il dans le dossier de presse. Mais comme j’écoutais les chansons en boucle, ma fille a fini par les aimer autant que moi et à me poser des questions… » Annette lui est d’ailleurs dédié. Au-delà de la noirceur du film, toute la gageure pour Leos Carax consistait donc à rendre ce « si mauvais père » acceptable. « Comment créer un Henry qui, malgré tout, me serait proche ? » Sans doute en trouvant des similitude­s avec les héros de ses précédents films. Le « physique extraordin­aire » d’Adam Driver rappelle ainsi celui de Guillaume Depardieu dans

Pola X. Et l’acteur américain maîtrise l’art du mime avec le même talent que Denis Lavant dans Boy Meets Girl et dans Mauvais Sang.

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