Pourquoi certains soignants hésitent à se faire vacciner
Seraient-ils irresponsables ou égoïstes, alors qu’ils travaillent chaque jour au chevet des plus fragiles ? Le débat actuel sur l’obligation vaccinale des soignants soulève de nombreuses questions. Mais comment expliquer cette défiance vis-à-vis des vaccins anti-Covid-19 ? Difficile d’obtenir des chiffres précis de la couverture vaccinale des soignants. Elle tournerait autour de 70 %, toutes professions confondues. Mais dans le détail, les écarts entre professions et modes d’exercice s’avèrent impressionnants : 89,9 % des soignants libéraux ont reçu au moins une dose, contre 59,3 % des professionnels en
Ehpad. « Pour la grippe comme pour le Covid-19, les médecins se font davantage vacciner que les infirmières, ellesmêmes plus vaccinées que les aidessoignantes », souligne Maud Gelly, sociologue au CNRS qui a travaillé sur le rapport des professionnels d’un hôpital du Grand-Est à la vaccination.
Un phénomène variable
Des soignants aux caractéristiques sociales et conditions de travail éloignées. « Les aides-soignantes et les infirmières sont dans une écrasante majorité des femmes, rappelle Maud Gelly. Or la classe sociale et le sexe sont des déterminants de l’hésitation vaccinale. » On aurait donc tort de confondre tous les soignants, et plus largement tous les agents qui travaillent dans le soin. Certes, la méfiance vis-à-vis de ces vaccins n’est pas l’apanage des soignants. Mais ce qui les différencie, c’est qu’ils associent cette vaccination au travail. En effet, « la vaccination d’un soignant rentre dans la relation avec l’employeur, relève Judith Mueller, épidémiologiste à l’École des hautes études en santé publique. D’où un lien entre la vision de ses conditions de travail et la vaccination. Certains expliquent : “Si mon employeur m’incite à me faire vacciner, ça ne m’encourage pas.” »