20 Minutes (Toulouse)

Doria sur la voix royale du rap

La rappeuse de Nanterre (Hauts-de-Seine) est l’une des révélation­s de l’année

- Clio Weickert

Doria a ce truc en plus. À peine lancée, sa voix, légèrement éraillée, pose en une phrase le décor et entraîne, grâce à son flow haut débit. Un rap brut et énervé, émouvant et spontané, à l’image de la jeune femme de 24 ans, rencontrée à l’occasion de la sortie de son premier album, Dès le départ. Souriante et bavarde, elle présente son projet de « fresque chronologi­que ». « Il retrace mon parcours, musical, mais aussi celui de ma vie », confie l’artiste. Il y renferme aussi sa déterminat­ion à faire entendre sa voix, celle de la « future patronne du rap », selon certains.

Première en chant

Doria n’est pas apparue en un claquement de doigts. Les amateurs de rap la connaissen­t notamment depuis ses freestyles dans sa voiture et son feat – Toi-même tu sais –avec Jul. D’autres l’ont découvert à travers Pochtar. « Il a marqué beaucoup de monde, assure-t-elle. C’est assez cru en termes de lyrics. Dans le deuxième couplet, il y a un gros mot, ça choque les gens qu’une nana dise ça », précise-t-elle. Doria est une fille à « la tête dure » qui « déteste les règles », dixit les paroles de Tempo.

Son rap, lui, semble couler de

source, mais il est pourtant le fruit d’un changement de cap. « Au départ, j’étais sur du r’n’b, dans un style musical plus doux », explique-t-elle. À l’âge de 15 ans, inscrite par une amie dans un concours de chant à Nanterre, sa ville, elle s’illustre d’ailleurs en remportant la première place. « Naturellem­ent, je me suis dirigée vers le rap, aux sonorités un peu plus sombres », dit-elle. Deux facettes bien présentes sur ce premier album, où le chant reprend parfois le dessus, comme dans les titres plus mélodiques Donne-moi

la main ou Goodbye.

Dans Dès le départ, elle dévoile avec pudeur ses états d’âme et ses blessures, comme les séquelles d’un premier amour violent et toxique. Elle aborde, entre autres, la question de la grossophob­ie. « J’en ai été victime à l’école, dans mon travail, quand j’en cherchais, lors de mes entretiens d’embauche… », déplore-t-elle. En toile de fond de la plupart de ses chansons se révèle une obstinatio­n à se faire une place. « Le travail est l’un des trucs où il faut être à 100 %, reconnait-elle. C’est primordial pour moi de bosser. On n’entend pas souvent ce discours dans les textes de rap, on entend plus “je suis posé, je suis là et l’argent vient à moi”. Mais ce n’est pas vrai ! » Une bosseuse en quête de gloire et de fortune ? « J’ai envie que ma musique soit connue », explique-telle. Et Doria semble très bien partie.

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