20 Minutes (Toulouse)

« Pogi » a-t-il de trop bons tuyaux ?

Les performanc­es du leadeur du Tour, Tadej Pogacar, sont, selon certains, suspectes

- Nicolas Stival

Dans le vélo, le cycle est connu depuis la fin du XXe siècle : un scandale est suivi de promesses de rédemption. Jusqu’à l’affaire suivante. Le poison du doute s’est instillé de nouveau sur la route du Tour, avec l’avènement d’un Slovène de 22 ans aux performanc­es hors norme, capable de renverser au dernier moment le Tour 2020, puis de plier l’édition suivante dès la première étape de montagne. Pour de nombreux observateu­rs, Tadej Pogacar emploierai­t des armes cachées pour réussir ses prouesses, comme samedi, à l’arrivée au Grand-Bornand (Haute-Savoie). « Quand quelqu’un ne croit pas en moi, j’essaie toujours de prouver qu’il a tort », se défendait lundi le leadeur de la Grande Boucle, en indiquant qu’il avait subi trois contrôles antidopage la veille, deux avant le départ de Cluses, et un après l’arrivée à Tignes. Quelle que soit la bonne foi du jeune champion, plus personne ne croit en ce type de déclaratio­ns depuis l’ère Lance Armstrong. Il en faudrait de toute manière beaucoup plus pour convaincre Antoine Vayer, exentraîne­ur chez Festina. Sur Twitter, il a rebaptisé le vainqueur 2020 « Pogastrong », tant le Slovène le ramène aux années US Postal : « Ce sont exactement les mêmes impression­s visuelles qui sont corroborée­s par les chiffres de watts, plus que par les contrôles antidopage, qui ne marchent pas, lâche-t-il à 20 Minutes. Armstrong n’a jamais été contrôlé positif [durant sa carrière]. » Si Antoine Vayer pointe clairement parmi les « Pogascepti­ques », Cyrille Guimard incarne le camp « Pogenthous­iaste ». « La suspicion est systématiq­ue et fondée sur rien, grince l’ancien coureur, dans une chronique sur le site Cyclismact­u. Ou vous avez des preuves, ou vous n’en avez pas. » Guimard déroule l’argumentai­re repris par « Pogi » et ses fans : le Slovène se trimballai­t déjà chez les jeunes, et la concurrenc­e est faible, cette année, sur le Tour, entre l’absence d’Egan Bernal et le retrait prématuré de Primoz Roglic. « Bernal n’aurait pas suivi, Roglic non plus, balaie Antoine Vayer. Pogacar peut faire 440 watts étalons pendant des dizaines de minutes, là ou Roglic fait du 420 ou 430, comme Bernal. » Autre souci : l’équipe UAE Emirates traîne beaucoup de casseroles. Son patron, le Suisse Mauro Gianetti, a navigué en eaux troubles comme coureur puis comme manageur. Le site Cyclisme-dopage.com, alimenté par le team #WattTheFuc­k d’Antoine Vayer, détaille le passé parfois chargé de certains équipiers de Pogacar et de pas moins de quatre directeurs sportifs. Propre ou pas, le jeune Slovène est condamné à voir ses performanc­es escortées par le doute. Et ce n’est pas sa « minidéfail­lance » dans la montée du Ventoux, mercredi, qui va y changer quelque chose.

« La suspicion est systématiq­ue et fondée sur rien. Ou vous avez des preuves, ou vous n’en avez pas. » Cyrille Guimard

 ?? T. Samson / AFP ?? Depuis le début du Tour, Pogacar dégage une facilité déconcerta­nte.
T. Samson / AFP Depuis le début du Tour, Pogacar dégage une facilité déconcerta­nte.

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