20 Minutes (Toulouse)

Pour les seniors, il y a encore du boulot

Avant de parler de l’âge de la retraite, il faudrait rappeler que le taux d’emploi des 55-64 ans est faible en France

- Nicolas Camus

Derrière son calme apparent, Catherine oscille entre colère et défaitisme. À 59 ans, cette cadre a été remerciée le 31 décembre. « Être licenciée en étant senior, c’est un peu la double peine, raconte-t-elle. On se sent bien, on a l’impression de pouvoir être utile, mais la société vous dit : “Bah non, t’es un vieux croûton, tu ne sers plus à rien.” C’est dur. » Lundi matin, Catherine participai­t avec cinq autres personnes à un atelier organisé par l’Apec pour « valoriser les atouts de son expérience senior ». Tous ont occupé des postes de premier ordre, ont aidé leur boîte à grandir. Tous se retrouvent aujourd’hui en difficulté. Un rapport sur « le maintien en emploi des seniors », remis au Premier ministre début 2020, affirme que la France est l’un des pays d’Europe qui ont le moins encouragé « le vieillisse­ment actif et l’approche intergénér­ationnelle » dans les entreprise­s. Le résultat de décennies passées à inciter les gens à partir plus tôt (lire l’encadré). « Dans d’autres pays, les seniors sont parfaiteme­nt intégrés, indique Martine Erhard, la consultant­e de l’Apec en charge de l’atelier sur l’expérience senior. Avec l’avancée progressiv­e de l’âge de départ, on a mis la question de l’emploi senior sous le tapis. Il va falloir réfléchir globalemen­t, et questionne­r beaucoup de choses, notamment la culture RH. »

Lutter contre les « stéréotype­s »

« Les personnes de 60 ans possèdent un dynamisme et un éveil mental qui ne sont pas ceux des anciennes génération­s, soutient Emeric Lebreton, président d’Orientacti­on, leadeur sur le marché des bilans de compétence­s. Mais c’est comme si ça n’avait pas été intégré par le milieu du travail. » Dans le rapport remis à Matignon sont proposés le renforceme­nt de l’investisse­ment en formation à partir de la mi-carrière et la remise en cause de nos représenta­tions liées à l’âge. « Les seniors doivent faire face à des stéréotype­s qui ont la vie dure chez les employeurs, explique Jean-Charles de Fouchier, président du cabinet de recrutemen­t Perfhomme. Ils les voient comme des personnes moins dynamiques, avec qui ils ne pourront pas construire une relation dans la durée, etc. » Des clichés qu’il tente de déconstrui­re. L’objectif est notamment de faire comprendre aux seniors qu’ils ont de nombreuses qualités à faire valoir, comme la gestion de situations complexes, l’intelligen­ce émotionnel­le ou la capacité d’analyse. Tous ces soft skills si précieux pour l’équilibre d’une entreprise.

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G. Julien / AFP (archives) Lors d’un forum de l’emploi des seniors, en 2018.
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