20 Minutes (Toulouse)

Rap Davinhor, qui « a la dalle de réussir », sort son premier album

La jeune artiste s’est notamment fait connaître par un passage remarqué dans « Planète Rap » ou par sa participat­ion au titre girl power « Ahoo »

- Clio Weickert Koria

Dans le clip de Floko, en feat avec Le Juiice, elle apparaît conquérant­e et combative. Elle assène implacable­ment des coups droits dans un mannequin de buste masculin. Quelques minutes plus tard, elle fait place à une autre Davinhor, ultrasensu­elle et exubérante. Deux facettes représenta­tives de la rappeuse de Creil (Oise), dont le premier album intitulé

Indomptabl­e sort ce vendredi. Treize titres qui oscillent entre trap énervée, pop et zouk, une « carte de visite » où Davinhor souhaite montrer l’étendue de son talent. C’est aussi un aperçu de ce qu’elle a traversé depuis l’enfance. « C’est l’histoire d’une petite fille de foyers, ballottée de gauche à droite, explique-t-elle à 20 Minutes. Une petite fille de banlieue aussi, qui ne se laisse pas faire et qui a la dalle de réussir. »

Cette rage de vaincre, la jeune femme, née au Congo en 1997, la tient de son parcours. Sa famille et elle fuient le pays trois ans après sa naissance, après que son père s’est évadé de prison, où il était « incarcéré pour ses prises de position en faveur des droits de l’homme », est-il précisé dans la bio de l’artiste. « Mes parents n’ont pas eu le titre de réfugiés politiques, il a toujours été rejeté, souligne-t-elle. J’ai eu beaucoup de difficulté­s, notamment d’intégratio­n, mais heureuseme­nt que l’athlétisme est là, c’est un peu mon échappatoi­re. » Car bien avant de se lancer dans le rap, Davinhor caresse le rêve d’une belle carrière dans le sport. Dès l’âge de 5 ans, elle enchaîne les compétitio­ns. Mais une « bagarre » ainsi qu’une blessure au ménisque mettent un terme à tout ça. Davinhor décroche du sport et des études et « perd pied ». Jusqu’à ce que le rap prenne la relève. « Je trouve que le rap est vrai, c’est quelque chose de très sincère», estime-t-elle. C’est en 2019 que Davinhor se fait remarquer notablemen­t. Invitée par le rappeur Niska sur son « Planète Rap » (et seule femme présente parmi un parterre d’hommes), la rappeuse fait sensation dans le studio de Skyrock, avec sa prestation et son assurance.

« Je n’ai pas froid aux yeux »

« Je m’impose directemen­t, je n’ai peur de rien et je n’ai pas froid aux yeux », se souvient-elle. Dès lors, elle adopte un rap très énervé, agressif parfois, mais ne se refuse pas des morceaux plus doux et sentimenta­ux, comme

SOS ou À deux dans son album. Elle assume aussi une ultrafémin­ité et revendique l’affirmatio­n de soi et l’indépendan­ce des femmes. Une démarche féministe ? « C’est trop nous mettre dans une case, répond-elle. Je dirais plutôt engagée. »

À l’automne, elle a sensibleme­nt marqué les esprits en participan­t au projet

Reines, pour l’amour du rap, sur Canal+. Un documentai­re qui immortalis­ait l’enregistre­ment d’un titre réunissant cinq rappeuses : Chilla, Le Juiice, Vicky R, Bianca Costa et elle. « Pour moi, Ahoo [le titre du morceau], c’est un mouvement, c’est un cri de guerre amazone, très girl power », considèret-elle. Percutante, la chanson a aussi ouvert un débat sur le manque de visibilité des femmes dans le rap et le rôle des médias. La rappeuse semble bien partie pour se faire une belle place dans le rap français et prendre sa revanche sur la vie : « Je suis fière de moi un peu plus chaque jour. Comme mon père dit, le combat ne finira jamais. »

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