Agriculture Après la flambée du prix du gaz, les tomates voient rouge
En France, 80 % de la production est réalisée hors-sol dans des serres chauffées au gaz. Un poste de dépense qui a explosé avec la guerre en Ukraine
Un agréable 22 °C, sans un brin de vent. Alors que la Bretagne a grelotté en début de semaine, la température de cette culture de tomates, implantée à Nouvoitou, au sud-est de Rennes, est tiède. Sous cette imposante serre, certains fruits sont déjà bien rouges et commencent même à être récoltés. Une culture hors-sol et hors saison rendue possible par un procédé simple : le chauffage artificiel. Christophe Rousse peut souffler. Ce mercredi-là, il n’aura pas besoin de consommer du gaz pour garder ses serres à température. Car, depuis plusieurs mois, sa profession est frappée de plein fouet par la hausse continue du prix du gaz. La guerre en Ukraine a dégradé une situation déjà alarmante.
« Certains ont jeté leurs plants »
« En temps normal, on paie entre 15 et 30 € le mégawattheure, témoigne l’agriculteur, également président de la coopérative Solarenn. Là, on est montés jusqu’à 220 € certains jours en mars. Ce n’est pas tenable. Des producteurs ont décidé de ne planter que la moitié de leurs serres. D’autres ont carrément jeté leurs plants. » « C’est comme si le carburant à la pompe était à 15 € le litre », renchérit Bruno Vila, secrétaire général de Légumes de France et producteur près de Perpignan. Conséquence : la tomate de printemps tant vantée en Bretagne a attrapé froid et pris du retard. Alors que la tomate hors-sol représente 80 % de la production française, c’est toute une profession qui tremble. Les maraîchers craignent surtout un effondrement des prix cet été, lorsque la production inondera les rayons de la grande distribution et les étals des marchés. « Comme beaucoup de producteurs ont décidé de décaler la plantation, on risque d’avoir un embouteillage », s’inquiète Christophe Rousse. Un déséquilibre de l’offre et de la demande qui pourrait coûter très cher aux producteurs.