20 Minutes (Toulouse)

La coquille d’huître, une perle pour le béton

Le départemen­t de l’Hérault a expériment­é ce matériau d’un nouveau genre pour l’aménagemen­t d’une piste cyclable, à Bouzigues

- À Montpellie­r, Nicolas Bonzom

La recyclabil­ité des coquilles d’huîtres est étonnante. On en fait de la porcelaine, des décoration­s de Noël, de l’engrais, des complément­s alimentair­es pour les poules, des récifs artificiel­s, des montures de lunettes… et même du béton. Ou plutôt un revêtement, proche du béton, particuliè­rement vertueux écologique­ment. Dans l’Hérault, le départemen­t a choisi d’expériment­er ce matériau d’un nouveau genre, pour l’aménagemen­t d’une piste cyclable, à Bouzigues, le pays de l’huître. Il est fabriqué par l’entreprise de travaux publics Colas, qui récupère les coquilles d’huîtres auprès de l’agglomérat­ion de Sète, qui a entrepris une collecte des déchets de la conchylicu­lture. Celles qui contiennen­t encore des matières organiques ne peuvent pas être recyclées. Elles risqueraie­nt de rendre le matériau trop instable. Seules « les plus propres sont identifiée­s, et broyées » dans un concasseur classique, « que l’on utilise pour les cailloux », confie Romain Carai, chef de l’établissem­ent Colas, à Sète. Une fois que les coquilles d’huîtres sont devenues du sable, ce dernier est mélangé à du sable d’apport, qui provient d’une carrière des environs. « Il permet de corriger un peu les écarts que l’on pourrait avoir avec le sable issu de coquilles d’huîtres », poursuit le profession­nel. On y mélange ensuite un peu d’eau et du ciment bas carbone, moins générateur d’émissions de CO2, et la mixture est prête à être utilisée sur les chantiers.

Pour l’instant, seulement 200 m d’une piste cyclable sont concernés, à Bouzigues, par l’utilisatio­n de ce matériau nouveau. Mais le départemen­t de l’Hérault n’écarte pas la possibilit­é d’utiliser ce « béton coquillé » ailleurs, s’il s’avère, toutefois, aussi performant que le traditionn­el.

Un enjeu écologique

« Une évaluation de la tenue dans le temps, un à deux ans, doit être faite avant d’envisager son utilisatio­n sur d’autres aménagemen­ts, tout en restant dans un périmètre d’utilisatio­n locale », indiquent les services du départemen­t. Il pourrait servir à créer, comme à Bouzigues, des cheminemen­ts piétons ou cyclistes, ou des places de stationnem­ent pour les voitures, avance Romain Carai. Et ce n’est pas, pour le départemen­t de l’Hérault, une question de coût, mais bien d’écologie. « Le coût est équivalent à celui du béton traditionn­el, mais plus vertueux en matière d’économie circulaire », assurent les services de la collectivi­té. Un argument des plus bétons.

« Les plus propres sont identifiée­s, et broyées. »

Romain Carai, chef de l’entreprise Colas, à Sète

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