La coquille d’huître, une perle pour le béton
Le département de l’Hérault a expérimenté ce matériau d’un nouveau genre pour l’aménagement d’une piste cyclable, à Bouzigues
La recyclabilité des coquilles d’huîtres est étonnante. On en fait de la porcelaine, des décorations de Noël, de l’engrais, des compléments alimentaires pour les poules, des récifs artificiels, des montures de lunettes… et même du béton. Ou plutôt un revêtement, proche du béton, particulièrement vertueux écologiquement. Dans l’Hérault, le département a choisi d’expérimenter ce matériau d’un nouveau genre, pour l’aménagement d’une piste cyclable, à Bouzigues, le pays de l’huître. Il est fabriqué par l’entreprise de travaux publics Colas, qui récupère les coquilles d’huîtres auprès de l’agglomération de Sète, qui a entrepris une collecte des déchets de la conchyliculture. Celles qui contiennent encore des matières organiques ne peuvent pas être recyclées. Elles risqueraient de rendre le matériau trop instable. Seules « les plus propres sont identifiées, et broyées » dans un concasseur classique, « que l’on utilise pour les cailloux », confie Romain Carai, chef de l’établissement Colas, à Sète. Une fois que les coquilles d’huîtres sont devenues du sable, ce dernier est mélangé à du sable d’apport, qui provient d’une carrière des environs. « Il permet de corriger un peu les écarts que l’on pourrait avoir avec le sable issu de coquilles d’huîtres », poursuit le professionnel. On y mélange ensuite un peu d’eau et du ciment bas carbone, moins générateur d’émissions de CO2, et la mixture est prête à être utilisée sur les chantiers.
Pour l’instant, seulement 200 m d’une piste cyclable sont concernés, à Bouzigues, par l’utilisation de ce matériau nouveau. Mais le département de l’Hérault n’écarte pas la possibilité d’utiliser ce « béton coquillé » ailleurs, s’il s’avère, toutefois, aussi performant que le traditionnel.
Un enjeu écologique
« Une évaluation de la tenue dans le temps, un à deux ans, doit être faite avant d’envisager son utilisation sur d’autres aménagements, tout en restant dans un périmètre d’utilisation locale », indiquent les services du département. Il pourrait servir à créer, comme à Bouzigues, des cheminements piétons ou cyclistes, ou des places de stationnement pour les voitures, avance Romain Carai. Et ce n’est pas, pour le département de l’Hérault, une question de coût, mais bien d’écologie. « Le coût est équivalent à celui du béton traditionnel, mais plus vertueux en matière d’économie circulaire », assurent les services de la collectivité. Un argument des plus bétons.
« Les plus propres sont identifiées, et broyées. »
Romain Carai, chef de l’entreprise Colas, à Sète