Une fin de partie de campagne singulière
Lors de l’entre-deuxtours, les finalistes de la présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, ont chacun changé de stratégie
Dans une campagne présidentielle particulièrement atypique, l’entre-deux-tours n’aura pas détonné. Le fait de voir s’opposer au « Tout sauf Le Pen » un « Tout sauf Macron » a brouillé profondément les lignes. Mais pas seulement. Sur le fond, Emmanuel Macron (LREM) et Marine Le Pen (RN) se sont retrouvés à draguer un électorat très éloigné du leur. Les deux finalistes ont aussi adopté des stratégies de second tour totalement différentes de celles observées jusqu’au 10 avril, presque à front renversé. Le débat de mercredi soir en étant le symbole : un sortant à l’attaque et une challengeuse qui temporise, ce n’était pas le scénario attendu.
Macron multiplie les déplacements
Dès le 11 avril, Emmanuel Macron a multiplié les déplacements : Denain (Nord), Le Havre (Seine-Maritime), Mulhouse (Haut-Rhin), Saint-Denis, Marseille (Bouches-du-Rhône), Figeac (Lot)… À part cette dernière ville, où il se rend ce vendredi, il s’agit presque uniquement de communes où Marine Le
Pen ou Jean-Luc Mélenchon l’ont devancé le 10 avril. Ces visites en terrain pas conquis « sont autant d’opportunités que de risques », note le conseiller en communication Florian Silnicki, de l’agence La French Com.
De son côté, la candidate du RN s’est mise en pleine lumière depuis le 10 avril, notamment en organisant deux conférences de presse sur son projet de réforme des institutions et sur l’international – sujet ô combien sensible dans le contexte de la guerre en Ukraine. En sont ressorties deux polémiques, une première sur son référendum anticonstitutionnel pour changer la Constitution, la seconde sur son désir de voir l’Otan s’allier avec la Russie une fois la guerre en Ukraine terminée. Et sur la forme, son tri revendiqué entre les journalistes et l’exclusion manu militari d’une manifestante pro-ukrainienne n’ont pas manqué de « rediaboliser » Marine Le Pen. La députée d’Hénin-Beaumont a pourtant tenté de poursuivre son entreprise