20 Minutes

« ILS VONT ÊTRE CONFRONTÉS À LA DOULEUR DES VICTIMES »

Cinq prévenus sont jugés au procès des implants mammaires PIP

- VINCENT VANTIGHEM

Sandrine sait bien que ce n’est « pas possible ». Mais elle aimerait bien que Jean-Claude Mas soit condamné à « porter des implants mammaires pourris jusqu’à ce qu’ils éclatent ». En fait, le président de Poly Implant Prothèse (PIP) – et ses quatre coprévenus – n’encourront qu’une peine de cinq ans de prison pour « tromperie aggravée et escroqueri­e » lors du procès du scandale sanitaire PIP, qui doit s’ouvrir, mercredi, à Marseille (Bouches-du-Rhône). Accusés d’avoir fabriqué des prothèses mammaires avec un « gel maison » de moins bonne qualité, les prévenus ont, en partie, reconnu les faits lors de l’instructio­n.

Jean-Claude Mas « insolvable »

« On sait bien qu’ils sont coupables, lâche Sandrine. Ce procès ne réglera donc rien. Si ce n’est qu’ils seront confrontés à la douleur des victimes. » Dix ans après son opération, la sienne est toujours palpable. « Les deux prothèses ont éclaté. Je suis rongée de l’intérieur par le silicone. A cause de tout ça, ma société a été liquidée », raconte, les larmes aux yeux, cette ancienne professeur­e de sport de 46 ans. « On parle beaucoup d’argent et d’indemnisat­ion dans les médias, poursuit l’avocat Philippe Courtois, qui défend 2 800 des 5 200 femmes parties civiles. Mais ce n’est pas ce qui importe le plus. » Déclaré « insolvable », Jean-Claude Mas ne devrait, de toute façon, pas avoir à indemniser les 30 000 victimes répertorié­es en France. « Mais s’il est condamné, toutes les femmes pourront saisir la commission d’indemnisat­ion », poursuit Philippe Courtois. « J’ai eu la chance d’avoir les moyens de me faire enlever les implants défectueux, raconte Brigitte, une victime de 50 ans. Mais certaines femmes attendent d’être indemnisée­s pour le faire. » Et supportent les douleurs et l’angoisse. Car si l’Agence nationale de sécurité du médicament estime que les implants PIP n’entraînent « pas de risque significat­if pour la santé », elle reconnaît que plus de 4 000 effets indésirabl­es ont été constatés chez les victimes.

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Jean- Claude Mas et ses coprévenus encourent cinq ans de prison.

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