MADURO VAINQUEUR EN MODE MINEUR
Le dauphin désigné dehugo Chavez a été élu à une courte tête. Son rival conteste
Revendiquer l’héritage de Hugo Chavez, le charismatique président vénézuélien mort le 5 mars dernier, n’aura pas suffi à remporter la large victoire que les sondages annonçaient. Nicolas Maduro, président par intérim que Chavez avait désigné comme son dauphin, n’a remporté qu’une courte victoire à la présidentielle de dimanche face au chef de file de l’opposition, Henrique Capriles. Seules 235 000 voix les séparent, selon la Commission électorale, qui les crédite respectivement de 50,7 % et 49,1 % des suffrages. Henrique Capriles, qui a ainsi déjoué les pronostics, a refusé de reconnaître ces résultats. Selon lui, ses équipes ont dénombré 3 000 irrégularités allant du coup de feu à la réouverture de bureaux de vote. « Je n’ai pas eu affaire aujourd’hui à un candidat, mais à un abus de pouvoir en règle », s’est-il indigné. Il a réclamé un nouveau décompte des bulletins, que Maduro a accepté.
Période d’incertitude
Mais la Commission électorale lui a opposé une fin de non-recevoir, qualifiant d’« irrévocable » la victoire de Nicolas Maduro. « On est au Venezuela : malgré les déclarations définitives, des négociations restent possibles », tempère Alain Musset, chercheur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. La courte victoire de Nicolas Maduro est en tout cas le signe que, parmi les fidèles de Chavez, beaucoup le considèrent comme illégitime pour poursuivre la « révolution bolivarienne » de son mentor. « Ils estiment que le chavisme ne peut exister sans Chavez », résume Alain Musset. Le faible score de Maduro résulte aussi d’un vote d’adhésion envers Capriles, dans un contexte de crise économique, d’insécurité et de corruption galopantes. Il ouvre plus largement une période d’incertitude. Maduro a promis de poursuivre la politique de Chavez, fondée sur la redistribution des revenus du pétrole aux plus pauvres. « Mais en aura-t-il les moyens ? », s’interroge le chercheur, pour qui Maduro devra procéder à des ajustements, au risque de se mettre la population à dos.