20 Minutes

DES SONS DU VOYAGE À LA PLACE DES NOTES

Chassol et Oy enregistre­nt des prises sonores réelles

- B. CHAPON & J. MÉTREAU

Chassol appelle ça des « ultrascore­s, parce qu’il faut bien donner un nom à ce que je fais. » Après La NouvelleOr­léans pour Nola Chérie, il est allé en Inde pour créer Indiamore, objet hybride mêlant sons et images enregistré­s sur place à des compositio­ns de son cru. « Ce genre de création est clairement un prétexte pour voyager », explique le musicien. Adepte de la musique concrète, qui utilise des sons de la vie réelle, Chassol s’est senti plus « artiste et auteur » en allant chercher ses sons et ses images propres.

Travail plus honnaête

Joy Frempong (alias Oy) est partie en Afrique avec ses enregistre­urs portables en bandoulièr­e, afin d’élaborer son album Kokokyinak­a (sortie le 25 avril). Chez les Ashantis, le nom désigne l’oiseau qui leur apporté les percussion­s, le rythme. Pendant deux mois, la Suisso-Ghanéenne a sillonné l’Afrique de l’Ouest, avant de faire halte en Afrique du Sud. Dans ses Zoom H4N et Olympus LS-5, un pêle-mêle de bruits du quotidien : aiguiseur de couteaux sur un marché, portières de voitures déglinguée­s qui claquent, feuilles sèches, conversati­ons dans un bus, feux d’artifice… Chassol s’est longtemps fait une spécialité de mettre en son les images, pour la télé et le cinéma, puis pour lui-même en « harmonisan­t des vidéos » glanées sur YouTube lors de nuits blanches créatrices. « Mais aller chercher des sons réels m’a permis de me re- nouveler et d’affiner mon travail, qui est plus accompli et aussi plus honnête. » De son côté, Oy avait acheté son premier sampleur à l’âge de 17 ans. « J’aime construire mes propres sons, plutôt qu’avoir recours à un instrument quelconque. »

Mélodie de la paire de baskets

Pour Kokokyinak­a, elle a commencé à couper sa matière sonore lors de son dernier séjour à Johannesbu­rg, afin de construire des boucles : « Par exemple dans le crissement d’une paire de baskets sur le sol, on peut trouver une mélodie intéressan­te. » Puis, à Berlin, pour l’enregistre­ment de l’album, le batteur Lleluja-Ha a entrelacé les boucles de ses rythmes. Chassol assume ses images en boucle et ses phrases musicales obsédantes et voit cette pratique « comme une hygiène, comme les peintres qui réalisent des séries sur les mêmes motifs ». Aller chercher des images à l’étranger, se frotter à des cultures exotiques lui ont permis d’« exporter des obsessions sonores » et de les confronter à « des images et des situations surprenant­es. C’est pour ça qu’on voyage après tout. » « Les photos et les vidéos sont ce que les gens rapportent le plus souvent de leurs voyages, pas les sons, explique Oy. Pourtant, c’est aussi un moyen de se remémorer des souvenirs. Comme un album photo. »

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Le Français Chassol (enhaut) et la Suisso- Ghanéenne Oy (enbas).
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