Tout le monde déteste l’ENA (même les énarques)
Beaucoup ont appelé à la suppression de l’école, sans succès
Sus à l’ENA! Bruno Le Maire, candidat à la primaire à droite, annonce dans Le Parisien que l’Ecole nationale d’administration sera « supprimée et remplacée », s’il est élu. Si la critique est ancienne, JeanPierre Chevènement décriant dès 1967 l’institution née en 1945 dans L’Enarchie ou les Mandarins de la société bourgeoise, nul ne l’a supprimée jusqu’à présent…
A gauche comme à droite
L’énarque Jacques Chirac en 1995, le libéral Hervé Novelli en 2003, le député centriste Michel Zumkeller en 2015, l’ancien directeur du Crédit lyonnais Jean Peyrelevade en mars 2016… Tous ont appelé à réformer ou supprimer l’ENA. Déconnexion avec la réalité, coûts exorbitants, manque d’ouverture sur le privé, conformisme et sens de l’intérêt général en berne des élèves… « A gauche, on critique généralement la reproduction sociale. A droite, le manque de pragmatisme », résume Jean Garrigues, professeur d’histoire à l’université d’Orléans et à Sciences-Po. La condamnation de l’institution formant les hauts fonctionnaires pourrait bien être politique. La ministre de la Fonction publique, Annick Girardin, a estimé la proposition de Bruno Le Maire « démagogique plutôt que réfléchie ». « Tous les candidats, quand ils n’ont rien à dire, veulent supprimer l’ENA », a estimé sur Europe 1 Jean-Louis Debré, ancien président UMP de l’Assemblée nationale. « Cette école est un symbole facile à attaquer, car elle forme l’élite de l’administration et nombre de politiques, relativise Christian Delporte, professeur d’histoire à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et ancien membre de jury à l’ENA. Or, le rejet des élites est toujours plus partagé dans la société. Une réforme de tout le système des grandes écoles (Polytechnique, CentraleSupélec, HEC et ENA) au profit des universités serait bien plus audacieuse. Mais elle a bien peu de chances de voir le jour actuellement. »