Les trois travaux de Hollande
Le chef de l’Etat va devoir batailler pour être candidat
«Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille. » François Hollande doit souvent se rappeler cette saillie de son prédécesseur Jacques Chirac ces derniers mois. Le chef de l’Etat veut attendre décembre pour décider s’il se représente. Pour être réélu, le président va devoir relever plusieurs travaux herculéens.
Tuer l’hydre des candidatures. Les candidatures à gauche poussent comme les têtes de l’hydre de Lerne : François de Rugy, Jean-Luc Bennhamias, Marie-Noëlle Lienemann, Gérard Filoche, Benoît Hamon, et probablement Arnaud Montebourg. Dernier coup sur la tête : le départ d’Emmanuel Macron du gouvernement, pour se consacrer à son projet pour 2017. « Il y a un éclatement de la gauche, qui, audelà des ambitions personnelles, montre à quel point l’exercice du pouvoir crée des tensions chez les socialistes, et révèle des divergences sur l’économie ou l’Europe, remarque Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au Cevipof. Le pari de Hollande, c’est de passer par la primaire, l’emporter à la loyale, et obliger ceux qui y ont participé à soutenir sa candidature. »
Nettoyer les écuries socialistes. Pour rassembler la famille socialiste, François Hollande pourra s’appuyer sur deux épouvantails. « Si Nicolas Sarkozy gagne la primaire de droite. Le président pourra facilement fédérer contre l’ennemi juré de la gauche, avance Bruno Cautrès. Il aura tout intérêt à réaffirmer le clivage gauchedroite. Sur les questions identitaires et économiques, il va tenter de montrer que la droite n’a pas changé depuis les années 1980, qu’elle souhaite toujours tailler dans la fonction publique, même lorsqu’elle prend un visage plus avenant avec Alain Juppé. »
Dompter la courbe du chômage. Elle ne porte pas de cornes, mais elle est aussi difficile à dompter que le taureau du roi de Crête. Difficile d’en faire un argument de poids pour sa candidature. « François Hollande a trop joué sur cette inversion de la courbe du chômage. Même si elle se produisait, je ne crois pas que les Français lui en accordent le crédit », assure Bruno Cautrès. Il reste moins de quatre mois pour réussir ce pari.