Remue-ménage pour le rangement
Après Marie Kondo, nombreux sont les ouvrages qui vantent les vertus du tri
«La vie ne commence vraiment que lorsqu’on a remis de l’ordre chez soi », assure la grande prêtresse du rangement Marie Kondo dans Ranger : L’étincelle du bonheur (Pygmalion, 17,90€). Avec son best-seller mondial La Magie du rangement, la Japonaise a fait du tri la nouvelle lubie des lobbyistes du développement personnel. Et tandis que la papesse de l’ordre prêche la fin de l’accumulation des objets, les ouvrages de ses émules s’amoncellent cette rentrée en librairie. Ranger sa maison a basculé du côté de la hype.
Une école pour ranger
La méthode de tri, baptisée KonMari, consiste à garder les objets « qui vous procurent de la joie tout en jetant le reste ». Une philosophie adoptée par des millions d’adeptes. Cette Mary Poppins nipponne anime des conférences dans le monde entier, cartonne sur YouTube avec ses tutos, figure parmi les 100 personnalités les plus influentes de l’année selon le magazine Time, et a annoncé à 20 Minutes le lancement d’une école pour devenir coach en rangement. Pourquoi tout ce remue-ménage autour du rangement ? Marie Kondo vend un rêve, celui d’une maison désencombrée. « On a atteint un niveau de saturation des placards », constate Valérie Guillard, auteure de Boulimie d’objets (éd. De Boeck) et maître de conférences à l’université Paris-Dauphine. Nos intérieurs contiennent trois fois plus d’objets que dans les années 1960. « On a été élevé dans l’idée que posséder, accumuler était synonyme de réussite. Il faut se détacher de cette idée », commente Anne-Solange Tardy, auteure de Manifeste pour une maison rangée (First Editions, 8,95€). « Dans le contexte anxiogène actuel, on se réfugie vers les valeurs que sont la famille et la maison. Les objets provoquent un sentiment de sécurité, et en même temps, trier, ranger permet de maîtriser l’angoisse », estime pour sa part Valérie Guillard. Ranger, c’est mettre de l’ordre dans un monde complexe qu’on ne maîtrise plus. « Quand on trie chez soi, on clarifie son esprit, et on se sent mieux. Il s’agit de faire le vide, de libérer de l’espace mental », renchérit Anne-Solange Tardy. Ranger son intérieur est une affaire intérieure. Les grandes phases de tri surviennent ainsi aux tournants de nos vies : naissance, déménagement, héritage, divorce ou encore crise personnelle. Notre façon de ranger reflète notre personnalité, nos peurs et nos conflits intérieurs. Ranger sa chambre, c’est un peu ranger sa vie.