20 Minutes

Dans la tête de Mario Balotelli

Nouvelle recrue de Nice, l’attaquant italien arrive précédé d’une réputation de déglingo

- Nicolas Camus

Mario Balotelli en Ligue 1… On l’a écrit dix fois depuis jeudi matin, mais ça fait toujours aussi bizarre. Un mélange de surprise, d’excitation, de curiosité et d’appréhensi­on nous anime à l’aube d’une saison qui, avec « Super Mario », restera à part, quoi qu’il arrive. L’Italien est peut-être le joueur le plus fou de l’histoire, au sens clinique du terme. Un mec qui met le feu chez lui parce qu’il s’amuse avec des fusées, qui tente de s’introduire dans une prison pour femmes « par curiosité » ou qui balance des fléchettes sur des gamins du centre de formation de Manchester City est un sujet d’étude à lui tout seul. « C’est toujours un défi pour les gens comme moi, reconnaît Makis Chamalidis, psychologu­e du sport et co-auteur du livre Champion dans la tête. Je ne sais pas s’il faut parler de diva ou de mauvais élève pour lui. Il fait partie de ces gens qui n’arrivent pas à se faire comprendre, qui ont besoin de transgress­er les règles parce qu’ils ont leurs propres règles. » Le décor est posé. Balotelli est un grand enfant surdoué de 26 ans, capable de plier l’Allemagne tout seul en demi-finale de l’Euro 2012 avec un doublé, comme de rester sur sept pauvres buts inscrits ces deux dernières saisons. Entre deux crashs en voiture de sport.

« L’accepter tel qu’il est »

Comme pour tout le monde, l’enfance a laissé des marques. Mario Balotelli est né en Italie de parents ghanéens et adopté à l’âge de 2 ans, qui a grandi dans la banlieue de Brescia où il était une curiosité locale avec sa peau noire. Victime de racisme, « il avait un problème d’identité évident », se souvient son institutri­ce dans un excellent portrait qu’a consacré So Foot à l’Italien en avril 2012. Pas la meilleure des bases pour savoir gérer ensuite la médiatisat­ion, les attentes et l’argent qui lui sont tombés dessus dès l’âge de 16 ans. A l’Inter, à Manchester City, au Milan AC et à Liverpool, personne n’a su composer avec. Les dirigeants niçois ont tenté un énorme pari, qu’on a tous très envie de voir gagnant. « L’important est de ne pas juger, conseille le Dr Makis Chamalidis. Il faut accepter le côté ambigu de l’être humain, sa double personnali­té. Il a envie de plaire, mais il fait tout pour déplaire, par exemple. Il faut le convaincre qu’on comprend ce conflit intérieur. Ça, ça met à l’aise. » Hatem Ben Arfa est bien revenu à la vie la saison dernière à Nice, alors pourquoi pas Mario n’y serait pas à nouveau Super ?

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Nice a décidé de faire confiance au joueur peut-être le plus fou de l’histoire.

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