Quelle valeur accorder aux sondages sur les primaires à la présidentielle ?
Le nombre de votants à la primaire de droite reste incertain
Depuis des mois, Alain Juppé fait la course en tête. L’ancien Premier ministre devance Nicolas Sarkozy et les autres candidats de la primaire de la droite et du centre dans les enquêtes d’opinion. Ces sondages « ne valent rien, a pesté François Fillon sur RTL lundi matin. Il n’y a jamais eu de primaire à droite, il n’y a pas de matrice, pas de référence. Enormément de Français ne savent pas encore s’ils vont voter à la primaire. » Difficile de savoir quel sera le profil des votants en novembre. Les instituts utilisent d’ailleurs des bases différentes, qui peuvent expliquer les écarts de points. Dans son dernier sondage pour le JDD le 3 septembre, l’Ifop pose sa question à « une base de 788 sympathisants de droite et du centre ». L’enquête du Cevipof, réalisée par Ipsos/Sopra Steria en partenariat avec Le Monde, cible « plus de 20000 personnes inscrites sur les listes électorales », distinguant ensuite les électeurs certains d’aller voter des autres. TNS/Sofres sonde un « échantillon représentatif de 5 006 personnes », et plus précisément « 332 personnes tout à fait certaines d’aller voter ». Enfin, Odoxa a utilisé « un échantillon représentatif de 5053 personnes », dont « 1472 personnes comptant aller voter et 671 absolument certaines d’aller voter ».
Des profils variables
« Sympathisant de droite et du centre », « personne certaine d’aller voter », « personne comptant aller voter »… Le profil de l’électeur sondé varie selon les instituts. « Entre une primaire qui réunirait un million de votants, ce qui est assez faible, une primaire qui, à l’image de celle de la gauche, attirerait environ 3 millions de Français, et une primaire qui serait un succès inédit, avec 4 ou 5 millions d’électeurs, les résultats varient énormément », reconnaissait récemment Emmanuel Rivière, directeur Stratégies d’opinion de TNS Sofres, dans Le Figaro. Autre problème, la marge d’erreur. « Il est absolument obligatoire pour avoir un résultat probant de constituer des échantillons très importants », reconnaît Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop, à Europe 1. Mais ce type d’enquête demande du temps et de l’argent (entre 10000 et 20000€). Les médias préfèrent donc sonder des échantillons plus restreints, avec une marge d’erreur pouvant aller jusqu’à 4 points. Ainsi, dans le dernier sondage de l’Ifop, Bruno Le Maire prend la 3e position avec 13 % (avec plus ou moins 2,1 points de marge d’erreur) devant François Fillon qui obtient lui 10 % des voix (avec la même marge d’erreur). L’inverse aurait donc été possible. Mais alors, qui est avantagé par ces sondages? On estime généralement qu’un grand nombre de votants bénéficierait plus à Alain Juppé qu’à Nicolas Sarkozy. Mais d’autres paramètres ne sont pas pris en compte par les sondages : le nombre de candidats, et les ralliements après le premier tour.