20 Minutes

Un physique pour l’emploi

Dans le livre «La société du paraître», le sociologue Jean-François Amadieu montre que l’apparence compte aussi beaucoup pour faire carrière.

- Delphine Bancaud

Mieux vaut être blonde, mince et maquillée pour postuler. Cette affirmatio­n caricatura­le reflète pourtant bien une facette de la réalité. Dans La société du paraître (Odile Jacob, 22,90€), publié ce mercredi, le sociologue Jean-François Amadieu souligne le poids croissant de l’apparence physique dans la vie profession­nelle. « Dans le marché du travail actuel, très concurrent­iel, le physique est érigé en critère d’embauche supplément­aire. Particuliè­rement pour les postes en contact avec la clientèle (comme la vente ou l’accueil), car l’exigence de séduction du client est de plus en plus forte », affirme-t-il. Alors que la sélection sur le physique est illégale, de nombreux sites de recrutemen­t d’hôtesses continuent, par exemple, à proposer aux candidates des questionna­ires les interrogea­nt sur leur âge et leur taille. « Comme ces discrimina­tions ne sont que très rarement sanctionné­es, leurs auteurs n’ont pas changé de comporteme­nt », souligne Jean-François Amadieu.

Jeune, grand, mince

Les cadres pourraient sembler plus à l’abri des discrimina­tions liées au physique, car davantage protégés par leurs diplômes. Jean-François Amadieu affirme que cela n’est pas le cas : « Etre jeune, avoir une belle gueule, avoir la ligne et être grand, c’est assurément trouver plus facilement du travail et c’est également gagner davantage », insiste-t-il. Dans l’univers profession­nel, les premières tributaire­s du poids des apparences sont les femmes. Plusieurs études ont démontré que pour des postes peu qualifiés, une employée blonde gagnait mieux sa vie que sa collègue brune, à compétence­s égales. Le fait d’avoir une poitrine conséquent­e serait aussi un atout sur le marché de l’emploi. A l’inverse, plusieurs études montrent que les femmes en surpoids sont moins souvent promues et gagnent moins que leurs collègues minces. Mais les hommes sont aussi victimes de discrimina­tions : « Toutes les études internatio­nales et françaises confirment qu’à diplôme égal, les hommes petits gagnent moins et ont moins d’avancement », constate le sociologue. Idem pour les hommes en surpoids. La situation est-elle pour autant désespérée ? Jean-François Amadieu ne le croit pas. « Le Défenseur des droits évoque désormais les discrimina­tions liées au physique dans ses baromètres et les médias sont beaucoup plus prompts à relayer le sujet. »

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Les discrimina­tions touchent en premier lieu les femmes.

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