Un physique pour l’emploi
Dans le livre «La société du paraître», le sociologue Jean-François Amadieu montre que l’apparence compte aussi beaucoup pour faire carrière.
Mieux vaut être blonde, mince et maquillée pour postuler. Cette affirmation caricaturale reflète pourtant bien une facette de la réalité. Dans La société du paraître (Odile Jacob, 22,90€), publié ce mercredi, le sociologue Jean-François Amadieu souligne le poids croissant de l’apparence physique dans la vie professionnelle. « Dans le marché du travail actuel, très concurrentiel, le physique est érigé en critère d’embauche supplémentaire. Particulièrement pour les postes en contact avec la clientèle (comme la vente ou l’accueil), car l’exigence de séduction du client est de plus en plus forte », affirme-t-il. Alors que la sélection sur le physique est illégale, de nombreux sites de recrutement d’hôtesses continuent, par exemple, à proposer aux candidates des questionnaires les interrogeant sur leur âge et leur taille. « Comme ces discriminations ne sont que très rarement sanctionnées, leurs auteurs n’ont pas changé de comportement », souligne Jean-François Amadieu.
Jeune, grand, mince
Les cadres pourraient sembler plus à l’abri des discriminations liées au physique, car davantage protégés par leurs diplômes. Jean-François Amadieu affirme que cela n’est pas le cas : « Etre jeune, avoir une belle gueule, avoir la ligne et être grand, c’est assurément trouver plus facilement du travail et c’est également gagner davantage », insiste-t-il. Dans l’univers professionnel, les premières tributaires du poids des apparences sont les femmes. Plusieurs études ont démontré que pour des postes peu qualifiés, une employée blonde gagnait mieux sa vie que sa collègue brune, à compétences égales. Le fait d’avoir une poitrine conséquente serait aussi un atout sur le marché de l’emploi. A l’inverse, plusieurs études montrent que les femmes en surpoids sont moins souvent promues et gagnent moins que leurs collègues minces. Mais les hommes sont aussi victimes de discriminations : « Toutes les études internationales et françaises confirment qu’à diplôme égal, les hommes petits gagnent moins et ont moins d’avancement », constate le sociologue. Idem pour les hommes en surpoids. La situation est-elle pour autant désespérée ? Jean-François Amadieu ne le croit pas. « Le Défenseur des droits évoque désormais les discriminations liées au physique dans ses baromètres et les médias sont beaucoup plus prompts à relayer le sujet. »
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