«Frantz», mélodrame réussi de François Ozon
« Aujourd’hui, alors que les gens réclament des frontières et sont de plus en plus nationalistes, j’avais envie de raconter cette histoire qui prône la fraternité entre les peuples », explique François Ozon. Dans Frantz, Pierre Niney, soldat français survivant de la Première Guerre mondiale, rend visite à la famille d’un ennemi mort au combat. Et mieux vaut préparer des mouchoirs pour aller voir ce grand mélodrame filmé en noir et blanc.
Le mensonge douloureux
Les rapports du jeune homme brisé par ce qu’il a vécu avec les parents et la fiancée du disparu (sublime Paula Beer) permettent au réalisateur d’Une nouvelle amie d’aborder des thèmes très actuels. « Je mets dos à dos le nationalisme des Français et celui des Allemands pour montrer que les combattants étaient semblables, précise-t-il. Les réactions xénophobes que provoque mon héros sont très actuelles : Frantz parle de la peur de l’étranger, toujours aussi forte aujourd’hui. » L’émotion affleure quand on découvre les véritables motivations d’un héros aussi fragile que courageux. « A notre époque où on veut tout connaître de la vie privée des gens, il me semblait intéressant de déclarer que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire ni à savoir », précise François Ozon. Le mensonge est au centre de son récit. Il se révèle tantôt douloureux ou bienfaisant selon les personnes qui le transmettent ou le reçoivent. Le réalisateur qui évolue en équilibre entre récit fictif et réalité cruelle pour déboucher sur un fantastique message d’espoir.