Paris est une fête éphémère
La Friche ouvre ses portes pour deux mois dans le 11e
Grand Train, La Javelle, La Station, le Jardin municipal, le Barapapa, le Sonnenkönig… Depuis trois ans, des îlots de détente, de restauration et de fête fleurissent sur les quais et dans les zones plus en friche de la capitale et de sa proche banlieue. Dans cette grande famille influencée par le mode de vie berlinois, un nouveau lieu baptisé « La Friche » ouvre ses portes ce jeudi pour deux mois, en plein coeur du 11e, au 66, boulevard Richard-Lenoir. Au programme de cet endroit gratuit ouvert de 12 h à 21 h avec une capacité de 800 personnes : Street Food markets, buvettes, poulailler, terrain de Molkky et matériaux recyclés. L’éphémère a depuis quelques années pris ses quartiers à Paris. Mais pourquoi la capitale ne vit plus que pour ça ?
VMétamorphose. Une ancienne gare, une vieille usine… Tout est bon pour faire de l’éphémère. La Friche est une parcelle d’un ancien garage Mercedes qui sera transformé début 2018 en un jardin. Pour Aurélien Dubois, président de l’agence Surprize (Concrete, Weather Festival), coproducteur de La Friche, avec Doppler et Earnest, l’éphémère fonctionne, car « le Grand Paris est en pleine métamorphose. Il y a actuellement beaucoup de lieux en transition et ces travaux laissent de la place pour les investir un temps et créer des lieux de vie sur des terrains où il n’y en avait plus. »
Rencontres. « Comme Berlin ou Londres, c’est l’évolution d’une capitale, d’une ville monde. Les gens veulent posséder la rue, leur rue », affirme Marcel Benezet, président des Cafés, Bars, Brasseries au Synhorcat. « Aller dans ces lieux, c’est aussi rencontrer les gens de son quartier et être acteur de ce projet », explique Aurélien Dubois.
Excitation. Bouche-à-oreille, file d’attente à rallonge, réseaux sociaux inondés de l’endroit en question… Dès son ouverture, l’endroit éphémère devient vite le centre de l’attention et des discussions. « L’éphémère attise la curiosité. L’éphémère excite, car il disparaît. En fait, le compte à rebours fait l’endroit. A la différence d’un lieu fixe, où l’on sait que l’on pourra y retourner, note Aurélien Dubois. Mais faire de l’éphémère pour faire de l’éphémère, ça ne sert à rien, il faut aller plus loin et s’inscrire dans une logique de lien avec le tissu associatif et culturel du quartier. » Marketing. « L’éphémère, associé à Snapchat, s’adresse à une génération qui n’a connu que la crise et veut de l’audace, du choix, du changement et de la ponctualité, analyse Corine RéniéPéretié, directrice associée de l’agence de communication Wellcom. Pour les marques made in France ou pour les producteurs locaux associés à ces projets, c’est un terrain de jeu idéal pour cibler une certaine clientèle. »