La loi Evin sous les bombes
Les chefs d’établissement dénoncent des failles dans la sécurité des lycées et collèges
Les proviseurs de lycées et les principaux de collèges sont sur le qui-vive face au risque terroriste. Jeudi, lors de sa conférence de presse de rentrée, le Syndicat national des personnels de direction de l’Education nationale (SNPDEN) a fustigé l’action du gouvernement, estimant que la sécurité dans les établissements scolaires se limitait à une « politique du yakafokon », selon son secrétaire général, Philippe Tournier. Et les mesures détaillées à la fin du mois d’août par Najat Vallaud-Belkacem et Bernard Cazeneuve ne l’ont pas convaincu. L’ire des personnels de direction est particulièrement vive à propos de la cigarette. La majorité des jeunes sortent pour fumer à l’heure des récréations, le tabac étant interdit dans toute enceinte scolaire depuis 2006. « Il y a parfois 300 élèves massés devant un lycée », s’alarme Philippe Tournier. Pour éviter ces attroupements, le SNPDEN avait demandé dès novembre 2015 à Manuel Valls « une adaptation urgente de la réglementation aux circonstances » afin de créer des espaces fumeurs.
Des zones fumeurs ?
Une option rejetée par le ministère de la Santé, refusant toute exception au nom de la lutte contre le tabagisme. En avril, Najat Vallaud Belkacem a aussi déclaré qu’il ne fallait pas « permettre aux élèves de fumer à l’intérieur des lycées », mais qu’il fallait « demander aux lycéens de ne pas fumer », pour éviter qu’ils ne sortent. Plusieurs directeurs ont malgré tout créé des zones fumeurs, s’attirant les foudres de deux associations antitabac, qui ont saisi le tribunal administratif pour demander leur fermeture. « Nous allons soumettre aux groupes parlementaires une proposition de loi autorisant une dérogation à la loi Evin pendant la durée de l’état d’urgence », a déclaré Philippe Tournier. Les proviseurs et principaux de collèges ont aussi remis la pression au gouvernement concernant le manque de moyens humains dont disposent les établissements pour assurer la sécurité. « Les établissements scolaires sont les seules structures publiques de masse qui sont totalement dépourvues de personnels de sécurité qualifiés. Si un établissement était attaqué, l’agent territorial d’accueil et d’entretien serait en première ligne, a insisté le secrétaire général. Or, ces personnels ne sont pas formés à la gestion de crise. » Reste un obstacle : le financement de ces mesures.
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