Les internautes face aux critiques
Internet est-il la nouvelle référence des épicuriens en quête d’adresses gourmandes ?
Quatre étoiles sur Yelp ou Google, 8,9 / 10 d’après la Fourchette. Aujourd’hui le succès d’un restaurant se résume souvent à ces chiffres, et aux commentaires des internautes. Cette tendance change en profondeur le métier de critique gastronomique. Les goûteurs pros ne font plus la pluie et le beau temps de la scène culinaire d’un trait de leur plume aiguisée. En effet, les foodies (férus de cuisine postant des critiques) s’imposent. Depuis 40 ans, Gilles Pudlowski est critique gastronomique. Le changement, il l’a vu venir. « Aujourd’hui tout le monde s’improvise critique, chacun a son point de vue. Ça relativise l’importance de notre métier », déclaret-il. Mort annoncée de la profession ? Bien au contraire. Si Gilles Pudlowski parle d’une « gifle à l’ego », il y discerne aussi un moyen pour lui d’exercer sa profession de manière « plus modeste et plus réactive ». « Si vous écrivez n’importe quoi, des gens vous renvoient leur expérience dans la minute qui suit », commente l’auteur de plusieurs guides culinaires. Les internautes se font garde-fou, mais offrent aussi une approche complémentaire. « Le lecteur ne se montrera pas critique de la même manière. Il est plus soucieux du rapport qualitéprix, de l’accueil, du décor », estime Gilles Pudlowski.
Des approches différentes
Pour les férus de gastronomie, les deux sources sont donc intéressantes pour bien choisir sa table. Lénaïc, 30 ans et qui s’accorde un plaisir culinaire « au moins une fois par mois », pioche d’ailleurs aussi bien dans les guides professionnels que sur les sites dédiés aux avis amateurs. « Si un restaurant est étoilé au Michelin, je m’y fie à 100 %. En revanche, si je cherche quelque chose de différent, pas forcément étoilé, j’irais plutôt sur le web », explique le gourmet.
A couteaux tirés
Les seuls à ne pas toujours trouver les avis d’amateurs à leur goût sont les restaurateurs. « Ce n’est pas leur métier », martèle Judith Cercos, qui tient le restaurant Les poulettes Batignolles à Paris avec son mari. « Je me sens toujours évaluée par les gens, alors qu’apprécier ou non un restaurant c’est très personnel. » Reste que, en bien ou en mal, les nombreux commentaires laissés par les internautes attirent toujours l’attention des consommateurs. Un coup de pub à double tranchant.