20 Minutes

Les internaute­s face aux critiques

Internet est-il la nouvelle référence des épicuriens en quête d’adresses gourmandes ?

- Thierry Weber

Quatre étoiles sur Yelp ou Google, 8,9 / 10 d’après la Fourchette. Aujourd’hui le succès d’un restaurant se résume souvent à ces chiffres, et aux commentair­es des internaute­s. Cette tendance change en profondeur le métier de critique gastronomi­que. Les goûteurs pros ne font plus la pluie et le beau temps de la scène culinaire d’un trait de leur plume aiguisée. En effet, les foodies (férus de cuisine postant des critiques) s’imposent. Depuis 40 ans, Gilles Pudlowski est critique gastronomi­que. Le changement, il l’a vu venir. « Aujourd’hui tout le monde s’improvise critique, chacun a son point de vue. Ça relativise l’importance de notre métier », déclaret-il. Mort annoncée de la profession ? Bien au contraire. Si Gilles Pudlowski parle d’une « gifle à l’ego », il y discerne aussi un moyen pour lui d’exercer sa profession de manière « plus modeste et plus réactive ». « Si vous écrivez n’importe quoi, des gens vous renvoient leur expérience dans la minute qui suit », commente l’auteur de plusieurs guides culinaires. Les internaute­s se font garde-fou, mais offrent aussi une approche complément­aire. « Le lecteur ne se montrera pas critique de la même manière. Il est plus soucieux du rapport qualitépri­x, de l’accueil, du décor », estime Gilles Pudlowski.

Des approches différente­s

Pour les férus de gastronomi­e, les deux sources sont donc intéressan­tes pour bien choisir sa table. Lénaïc, 30 ans et qui s’accorde un plaisir culinaire « au moins une fois par mois », pioche d’ailleurs aussi bien dans les guides profession­nels que sur les sites dédiés aux avis amateurs. « Si un restaurant est étoilé au Michelin, je m’y fie à 100 %. En revanche, si je cherche quelque chose de différent, pas forcément étoilé, j’irais plutôt sur le web », explique le gourmet.

A couteaux tirés

Les seuls à ne pas toujours trouver les avis d’amateurs à leur goût sont les restaurate­urs. « Ce n’est pas leur métier », martèle Judith Cercos, qui tient le restaurant Les poulettes Batignolle­s à Paris avec son mari. « Je me sens toujours évaluée par les gens, alors qu’apprécier ou non un restaurant c’est très personnel. » Reste que, en bien ou en mal, les nombreux commentair­es laissés par les internaute­s attirent toujours l’attention des consommate­urs. Un coup de pub à double tranchant.

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Alexandre Gauthier, sacré chef de l’année 2015 par Gault et Millau à la Grenouillè­re.

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