«Les idées de Dali m’ont aidé»
Le dessinateur de BD évoque son exposition «Une seconde avant l’éveil»
Joann Sfar aime se frotter aux grandes figures de l’art. De Brassens à Gainsbourg, de Chagall à Bonnard. Maintenant Dali. L’auteur de BD a répondu à l’invitation de l’Espace Dali, à Paris. « Une seconde avant l’éveil» fait dialoguer ses cases avec des oeuvres du surréaliste aux moustaches folles. Cette exposition fait penser à celle du musée d’Orsay autour de Bonnard… C’est un peu la suite logique. Orsay m’avait commandé des peintures (...). Je suis dessinateur de bande dessinée. Là, c’est donc une exposition qui utilise la bande dessinée. Il y a les oeuvres de Dali et mes planches plus ou moins grossies. La scénographie fonctionne bien de loin ou de près. Chaque élément commente l’autre. Dali vous accompagne depuis longtemps dans votre travail d’artiste ? Les idées de Dali m’ont beaucoup aidé quand j’étais jeune adulte. J’ai eu une éducation très religieuse et suivais des études très sérieuses en philosophie. Chez Dali, il y avait un mélange de folie et de raison, je le considérais comme un très grand théoricien. Pour cette expo, j’ai travaillé entouré de peintures de Dali. Et un matin, ça m’a frappé. La froideur et la distance de Dali, je ne la comprenais pas. Et à ce moment-là, j’ai saisi qu’il essaie de faire survivre la peinture d’église en construisant une religion autour de lui, il a confisqué le sacré. Confisquer le sacré… C’est le rôle que vous attribuez aux artistes. Si les prêtres ne savent pas rester à leur place il faut trouver d’autres moyens de subjuguer la jeunesse. L’art n’est pas réservé à une religion ou une ethnie. On ne peut pas vivre en paix dans une société où les gens se racontent que leurs religions sont incompatibles. La pluralité de croyances, c’est formidable quand il n’y a pas de refus de l’altérité.