20 Minutes

La French Touch nous replonge en 1999

L’électro des années 2000 bouge encore

- De notre envoyé spécial à Bordeaux, Benjamin Chapon

Un festival avec, pour têtes d’affiche, les groupes Air et Cassius, voilà qui, pour les plus de 35 ans, rappelle bien des souvenirs. C’était en 1999. Air n’avait sorti qu’un album, Moon Safari, mais était au top de la branchitud­e (on disait ça à l’époque). Un peu moins connu, mais à peine, Cassius sortait également son premier album, le bien nommé 1999. Depuis, Air est devenu un mastodonte de la musique électro française, bien qu’un peu en retrait ces dernières années. Cassius eux s’étaient fait oublier. Leur nouvel album, Ibifornia, est un condensé des tendances musicales électroniq­ues et sensuelles de la décennie écoulée. « On n’avait pas disparu », assurent Zdar et Boom Bass, les DJ du groupe. L’un et l’autre ont multiplié les projets en tant que producteur­s. N’empêche, leur retour au premier plan avec un nouvel album replonge bien des fans dans le tourbillon créatif des jeunes années 2000, quand la France était au centre de la carte de la musique électroniq­ue avec la French Touch, et ce, sans l’aide de David Guetta. Samedi soir, au festival Ocean Climax, à Bordeaux, une large partie du public a bien connu l’époque French Touch. Il y a aussi quelques festivalie­rs moins calés sur le sujet. Tom et ses amis ont 22 ans. A leurs jeunes oreilles, les mélodies sensibles d’Air ont mal vieilli. Dans la foule compacte des festivalie­rs, ça papote sévère. « C’est mignon et on reconnaît quelques tubes, explique Samuel. Mais bon, ça n’est pas trop mon truc, surtout en concert. Ils jouent trop avec leurs instrument­s… » Pour ce jeune apprenti musicien et son groupe d’amis, « à part quand on fait du rock, les guitares et le piano, ça ne sert à rien. Pour avoir un son précis et puissant, mieux vaut des machines. » Le conseil est cocasse quand on se souvient qu’à leurs débuts, les artistes de la French Touch étaient méprisamme­nt traités de « DJ » par leurs détracteur­s. La musique de Cassius, avec ses larges références house, ses beats organiques et funk, parvient mieux à dérider cette frange du public. Renseignée sur le pedigree du duo, Sarah leur reconnaît « avoir joué un rôle de dynamiteur dans la musique électroniq­ue française », eux qui ont su, dès les années 1990, « marier le hip-hop, la house et le rock dans des compositio­ns électro ». On retrouve Tom et ses amis. « Quand même, c’est suspect que vous soyez encore bloqué sur ce truc de French Touch. Ça montre qu’il n’y avait pas grand-chose qui émergeait à l’époque. Aujourd’hui, des DJ français qui innovent et font des tournées mondiales des clubs, y en a des dizaines, et on ne crée pas un terme pour autant. »

« Ils jouent trop avec leurs instrument­s. » Samuel, jeune festivalie­r

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Les DJ de Cassius n’ont pas de difficulté­s à séduire les jeunes.

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