Comme chez soi au bureau
Le manque criant de logements pousse à convertir les nombreux immeubles vacants
Il y a quelques années, à tous les étages de l’immeuble de 9500 m² aux 72-76, quai des Carrières, à Charenton-Le-Pont (Val-de-Marne), il n’y avait que des bureaux. Sauf que ces dernières années, il n’y avait plus grand monde dans les couloirs. Le bâtiment, sorti de terre dans les années 1970 aux portes de Paris, était au trois-quarts vide lorsque le bailleur social Immobilière 3F a mis la main dessus, en 2013. Après 18 mois de travaux, Ies bureaux ont été transformés en 90 logements sociaux. Les premières familles s’y installeront cette semaine. En Ile-de-France, on compte 52,8 millions de mètres carrés de bureaux. Mais 3,3 millions sont vides, selon le rapport 2014 de l’Observatoire régional de l’immobilier d’entreprise en Ile-de-France. Dans une région où les logements et le foncier manquent, ces bureaux vides font saliver. La reconversion de l’immeuble du quai des Carrières n’a pas été une mince affaire, raconte Pierre Paulot, directeur de l’architecture et du développement chez Immobilières 3F. « Un immeuble de bureaux est généralement constitué de grandes pièces et tant pis si certaines sont sans fenêtres. Un logement, c’est tout l’inverse. C’est plein de petites pièces avec un maximum de fenêtres. »
Coûteux et complexe
Ces aménagements pèsent sur le coût final de l’opération. « Le prix des travaux est proche de ce que cela nous aurait coûté de faire un bâtiment neuf, indique Pierre Paulot. S’ajoute à cela l’achat de l’immeuble, plus cher qu’un terrain nu. » « Notre objectif est de convertir 250000 m² de bureaux en logements d’ici la fin de la mandature. Nous en sommes déjà à 87300 m² entre 2014 et 2015. », assure Ian Brossat. L’adjoint d’Anne Hidalgo en charge du logement a pour mission de construire 10000 logements à Paris et compte sur la chasse aux bureaux vides pour y arriver. Mais pour les bâtiments de plus de 1 000 m², les transformations sont très coûteuses, parfois même impossibles. Ian Brossat ne désespère pas pour autant. Le potentiel est là. En 2014, l’Atelier parisien d’urbanisme recensait 217 immeubles de bureaux vacants de plus de 1 000 m² à Paris. Ian Brossat songe à l’immeuble Morland près de l’île Saint-Louis. La reconversion de cette tour, occupée par des services de la Ville de Paris, est inscrite à l’appel à projets urbains innovants « Réinventer Paris ».