«The Young Pope» et Jude Law flirtent avec le diable
Paolo Sorrentino met en scène un jeune pape fondamentaliste
En filmant comme un dieu le règne de Pie XIII, un jeune pape américain fondamentaliste, despotique et névrosé, dans « The Young Pope », Paolo Sorrentino tente le diable. La série du cinéaste italien, encensée par les journeaux anglo-saxons, ne reçoit pas que des louanges de la presse italienne chrétienne ou conservatrice. « Que le souverain pontife puisse exhorter un prêtre au viol du sacrement de la confession est une malice à la limite du blasphème », s’indigne Famiglia Cristiana. La nouvelle série, diffusée sur Canal+ ce lundi à 20 h 55 et coproduite avec Sky et HBO, risque de secouer les grenouilles de bénitier. « The Young Pope » va-t-il plaire aux catholiques? « Oui, s’ils le regardent avec l’émotion que mérite un tableau. S’ils s’attendent à une lecture textuelle, en revanche, alors non », annonce d’emblée le réalisateur, auréolé de l’Oscar du meilleur film étranger avec La Grande Bellezza, dans le dossier de presse. Le pape, incarné par Jude Law, qui porte diablement bien la soutane,
« Je suis le serviteur de Dieu, pas le vôtre .» Pie XIII
fume plus qu’il ne sourit et se nourrit de Coca-Cola Cherry. « Je suis contradiction. Je suis Dieu », déclare-t-il. Jeune, avant-gardiste, mais ultraconservateur. Orphelin, souffrant d’un manque affectif, mais sans miséricorde. Il prie, doute de l’existence de Dieu, mais envisage devoir son élection au divin. « Je ne serai pas plus proche de vous que de Dieu. Je suis le serviteur de Dieu, pas le vôtre », déclare-t-il, tout juste élu par le conclave. « Pourquoi ne pas imaginer un pontife qui soit aux antipodes du pape François? s’interroge le réalisateur. Un homme qui accède à une fonction aux responsabilités écrasantes et qui l’aborde avec un manque apparent de bon sens et une puérilité prononcée. » Pour lui, la série incarne « un fondamentalisme catholique que nous excluons a priori, comme, il y a cinquante ans, nous aurions exclu le risque d’un fondamentalisme islamique ». « Le temps libre, chose qui ne manque pas au Saint-Siège, est une source intarissable d’ironie », souligne le réalisateur. Entre un haut dignitaire qui fait son coming out, un cardinal qui fantasme sur la Vénus de Willendorf et un prêtre qui brise le sacrement de la confession, la série frôle la crise de foi.
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