« Les robots sont stéréotypés »
Des centaines de start-up et de grands groupes de la Silicon Valley sont en train de concevoir les robots de demain. Et le reste du monde n’en sait presque rien. C’est partant de ce constat qu’est née en 2010 la Silicon Valley Robotics, une association d’industriels qui promeut les technologies robotiques. Andra Keay, sa directrice, pense et vit robot, mais alerte sur la nécessité d’établir un cadre éthique. Avec un comité de l’association, elle a proposé « cinq lois » (comme « les robots ne doivent pas être utilisés comme des armes » ou « les robots doivent se conformer aux lois existantes »). Les robots présentent-ils un risque ? Pouvoir se reposer sur les machines pour des tâches ennuyeuses, difficiles ou même dangereuses est une très bonne chose. Mais si l’on se met à ne produire que des robots humanoïdes qui se mettent à exécuter des tâches que l’on considère comme étant tout en bas de l’échelle, nous allons peu ou prou vers une société de castes. Vous souhaitez donc limiter ceux d’apparence humaine… Les robots humanoïdes que nous fabriquons aujourd’hui manquent d’ores et déjà de diversité, et sont utilisés de façon stéréotypée. Les robots d’apparence féminine sont destinés à des postes considérés comme étant de catégorie inférieure, hôtesse d’accueil par exemple, tandis que ceux d’apparence masculine sont utilisés pour faire autorité, assurer notre sécurité… Perpétuer ces stéréotypes de genre à travers les robots que nous allons voir se multiplier ne va pas nous faciliter la tâche pour construire une société plus égalitaire. J’ai vécu l’explosion d’Internet et je me souviens bien des discours de l’époque : cela devait démocratiser notre accès à la technologie, mais aussi éliminer les discriminations sexistes ! L’anonymat devait effacer le sexisme… Des scientifiques s’opposent au développement de robots sexuels, jugeant qu’ils renforceront des stéréotypes asservissants… C’est une question très complexe. Je ne suis pas certaine qu’il faille s’opposer aux robots sexuels en soi, mais je pense qu’il reste en effet beaucoup de questions à régler. Que peuvent faire les gens pour empêcher que leur image soit utilisée pour le robot sexuel d’un autre ? Va-t-on considérer que chacun sera en droit d’utiliser le robot comme il veut ?