Vous allez rencontrer un sombre inconnu
Avec « Premier Contact », Denis Villeneuve signe l’un des meilleurs films de 2016
Denis Villeneuve révolutionne le cinéma de science-fiction avec Premier Contact. Ce croisement entre 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick (1968) et Rencontres du troisième type (1978) de Steven Spielberg, se révèle aussi novateur que bouleversant. Une linguiste (Amy Adams) et un scientifique (Jeremy Renner) collaborent pour essayer d’échanger avec des extraterrestres dont les vaisseaux survolent notre planète. Sont-ils hostiles ou amicaux? Tel est l’un des enjeux de ce film brillant, fable philosophique qui jongle avec l’espace et avec le temps.
Extraterrestres mystérieux
On ne peut qu’être bluffé par cette adaptation d’une nouvelle de Ted Chiang, L’Histoire de ta vie. « Créer les extraterrestres a été notre plus grand défi, explique le réalisateur canadien à 20 Minutes. Je souhaitais éviter tout anthropomorphisme. » Denis Villeneuve a fait appel à l’artiste mexicain Carlos Huante qui a collaboré avec Ridley Scott sur Prometheus (2012) et avec Guillermo Del Toro sur Hellboy (2004). « L’idée était de les représenter comme des êtres circulaires qui n’ont ni début ni fin », précise Villeneuve. Avec leurs tentacules mobiles et leur absence totale d’expression, ces créatures déroutent aussi bien les héros que le spectateur. « Je tenais à ce qu’elles n’aient pas d’yeux, qu’elles aient l’air tout autant effrayantes que bienveillantes », insiste le réalisateur de Sicario (2015). Abbott et Costello, surnommés ainsi en hommage à des comiques américains, se dévoilent petit à petit. « J’ai procédé avec mes extraterrestres comme pour un striptease », raconte-t-il. « Je voulais que les êtres humains prennent une leçon d’humilité devant des êtres qui ne vivent pas selon les mêmes règles qu’eux, tant du point de vue physique, chimique que de celui de la gravité, martèle le cinéaste. La linguiste doit essayer de comprendre un langage qui est si différent du nôtre qu’elle ne peut que se fier à son intuition. Je trouve que notre civilisation ne le fait pas assez. » Abbott et Costello communiquent en projetant des jets d’encres aux formes ésotériques. Villeneuve a mis au point une langue originale et esthétique, « une forme de communication à base de symboles qui renvoie l’héroïne à l’inutilité du langage tel qu’elle le pratique. » Les spectateurs en viennent à « comprendre » Abbott et Costello et à ressentir leur message au plus profond d’eux-mêmes.
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