Kito balise pour son bateau
Le voilier du skipper, qui a abandonné, dérive dans l’océan Indien
Pendant que Kito de Pavant pleurait jeudi sa déception sur le navire qui l’a repêché, son bateau dérivait en plein océan Indien. Les genoux dans l’eau à la suite d’une collision avec un Ofni (objet flottant non identifié), qui a arraché la quille de son voilier Bastide-Otio, le skipper a été obligé de « l’abandonner au milieu de nulle part ». « On verra si ça vaut le coup de tenter un sauvetage », a-t-il expliqué à L’Equipe. Parce qu’un bateau comme celui-là ne s’abandonne jamais totalement. D’abord, parce qu’il coûte 2 millions d’euros et qu’il peut être réparé et réutilisé. Ensuite, parce qu’il peut être un danger pour d’autres bateaux. Et enfin, pour des raisons écologiques.
Un sauvetage dangereux
Reste qu’aujourd’hui, il est bien trop tôt pour envisager d’aller chercher le monocoque dans des parages où les éléments sont déchaînés. Mandatés par l’assureur, à qui revient la décision d’un sauvetage, pour retrouver le bateau délaissé par Yann Eliès sur le Vendée Globe 2008 dans des conditions géographiques et climatiques similaires à celles de Kito de Pavant, le directeur technique du projet Generali, Philippe Laot, et le navigateur Jean-Baptiste Epron ont lâché l’affaire au bout de quelques jours. « On a repéré la zone où le bateau se situait grâce à ses balises et on a fait un trajet de cinq jours pour s’en rapprocher », raconte ce dernier. Le problème, c’est qu’il y avait un vent de près de 70 noeuds. « Ça devenait extrêmement dangereux de naviguer, quasiment impossible de dormir ou même de manger, reprend Epron. Alors remorquer un voilier plein d’eau… On a décidé de faire demi-tour pour protéger nos vies, sans jamais l’apercevoir. Tout ça a duré une bonne quinzaine de jours en tout. » Tant que les balises du bateau de Kito de Pavant émettront, il pourra être évité par les autres concurrents et éventuellement sauvé. Mais si les émetteurs s’arrêtent ? « Ce sera fini, explique Jean-Baptiste Epron. Il est quasiment impossible de prédire la dérive d’un bateau dans une telle mer, on ne pourra plus le localiser. Soit il échouera dans trois semaines sur les côtes australiennes ou néo-zélandaises, soit dans quelques mois complètement déchiqueté sur celles du Chili. Dans tous les cas, il sera trop tard, ce sera une épave. »
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