La fin de la galère du logement pour les saisonniers ?
Le projet est censé améliorer les conditions d’accueil des saisonniers dans les stations
Les amateurs de sports d’hiver commencent à affluer dans les stations de ski. Et les saisonniers aussi. Cet hiver encore, ces travailleurs seront confrontés à une difficulté majeure : se loger alors que le moindre studio se loue parfois plus d’un millier d’euros… la semaine. « Pour amortir le coût, certains saisonniers sont obligés de partager à trois un 20 m² », se désole Antoine Fatiga, délégué national CGT. D’autres optent pour le camping-car, ou le camion aménagé, une option dangereuse. En moins de deux ans, deux couples ont perdu la vie, le premier brûlé dans l’incendie de son camion, le second asphyxié par les gaz du chauffage d’appoint du véhicule. C’est pour en finir ces drames que le gouvernement a préparé le projet de loi de Modernisation, de développement et de protection des territoires de montagne, également appelé « projet de loi Montagne », examiné au Sénat dès ce lundi. Ce qu’il propose? Que les bailleurs sociaux puissent sous-louer aux saisonniers les logements vacants de propriétaires privés et que les communes de montagne mettent en place un plan d’hébergement pour les saisonniers.
Des aires aménagées
« Il ne faudrait pas que la charge retombe toujours plus sur les communes, dont les ressources ne sont pas extensibles », s’agace Fabrice Pannekoucke, le maire de Moûtiers (Savoie). Ce dernier agit déjà pour les saisonniers en leur offrant un accès au centre d’hébergement d’urgence de la ville, pendant trois nuits maximum. Et ce, « alors qu’elle ne bénéficie d’aucune recette touristique ». Moûtiers est en effet une simple porte d’accès vers de grandes stations des Alpes telle Courchevel. Le projet de loi n’améliore pas suffisamment le quotidien des saisonniers, estime Antoine Fatiga. Le syndicaliste aurait voulu que la loi revienne sur une exception : celle qui autorise de loger un saisonnier dans 6 m², contre 9 m² habituellement. Il regrette également que le texte ne dise rien en matière d’accueil de camping-cars et de camions aménagés. Il loue d’ailleurs l’initiative menée par Les Belleville, la commune des Ménuires et de Val Thorens, qui propose une aire d’accueil aménagée. Elle permet aux saisonniers d’accéder, pour 770 € par camion et pour la saison entière, à des sanitaires chauffés et, surtout, à l’électricité. Mais, souligne Mathieu Jay, responsable de l’Espace saisonniers Les Belleville, « nous préférons loger les saisonniers dans du dur et impliquer les employeurs dans cette démarche, qui est dans leur intérêt : s’ils veulent des employés compétents, ils doivent les loger ». Aux Belleville, 80 % des saisonniers non locaux sont désormais logés par leurs employeurs.