20 Minutes

On ne nous épagneul rien

Le maître d’un chien en attaque un autre après une saillie

- Fabrice Pouliquen

Eden du Chavanon doit-elle être indemnisée au titre des souffrance­s subies? La question n’est pas un cadeau pour le tribunal d’instance de Clermont-Ferrand qui avait à se pencher sur ce cas mardi matin. Tout bêtement parce qu’Eden est un épagneul breton !

Ablation de l’utérus

Le 24 novembre 2014, dans le village de Messeix (Puy-de-Dôme), cette femelle a subi la saillie d’un border collie appartenan­t à un voisin. Résultat ? Sept chiots noirs et blancs nés quelques mois plus tard, mais aussi des complicati­ons pour Eden dont il faudra retirer l’utérus, en urgence, à la clinique vétérinair­e. Le maître voit rouge, saisit la justice et demande plusieurs milliers d’euros de dommages et intérêts au voisin. L’affaire a été mise en délibéré, la décision de justice sera rendue le 14 mars. Le propriétai­re demande au voisin 1 000 € de dommages et intérêts au titre de remboursem­ent des frais vétérinair­es, 2 000 € parce que sa chienne ne pourra plus se reproduire, et 2000€ encore pour les souffrance­s endurées par son animal de compagnie des suites des opérations à la clinique vétérinair­e. Cette dernière requête pose question. « Toute souffrance portée à l’animal a toujours pu faire l’objet devant les tribunaux d’indemnisat­ions, rappelle Caroline Lanty, avocate spécialist­e du droit des animaux. Mais d’habitude, la justice indemnise le propriétai­re pour la perte de son animal ou pour les frais qu’il a dû engendrer lorsque son animal était malade. » Jusque-là, donc, la justice se positionna­it du côté du maître. Me Jean-Hubert Portejoie, l’avocat du propriétai­re d’Eden, veut inverser le raisonneme­nt en s’appuyant sur l’article 515-14 du Code civil, introduit en 2015. L’article, qui tient en une ligne, donne un nouveau statut juridique de l’animal, le faisant passer de « bien meuble » à « un être vivant doué de sensibilit­é ». Cette nouvelle ligne dans le Code civil offre toutefois de nouvelles possibilit­és aux avocats. C’est ce dans quoi s’engouffre Jean-Hubert Portejoie. « Je veux faire bouger la jurisprude­nce, clame-t-il. Je pose la question frontaleme­nt : “Un animal peut-il être indemnisé de sa souffrance ?” »

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Un épagneul breton, comme Eden.

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