20 Minutes

L’amour au bac à shampoing

Chez Carine, la coiffeuse devenue entremette­use

- Romain Lescurieux

Juliette* se souvient bien du jour où, lors d’un rendez-vous chez le coiffeur il y cinq ans, elle a fait part de son envie de trouver à nouveau l’amour. « Plus tard, mon téléphone a sonné et j’ai accepté que l’on donne mon numéro à un inconnu. » Après quelques sorties, la quinquagén­aire a commencé à partager sa vie avec cet homme, avec qui elle est toujours aujourd’hui. Entre eux, il n’y a pas eu d’applis, de likes, ni d’agences matrimonia­les mais… Carine Lopes, coiffeuse de Grisy-Suisnes (Seine-et-Marne). Depuis cette histoire, la patronne du Salon a décidé de pimenter ses mises en plis avec des mises en relations amoureuses. « A force de parler et de voir que les personnes étaient seules, je me suis lancée de manière officielle, il y a un an, à l’occasion de la Saint-Valentin, dans les rencontres. Il y avait un réel besoin. » Les chiffres de l’Insee ne la contrediro­nt pas : il y a 43 % de célibatair­es en Ile-de-France. Entre deux coups de ciseaux, les clients à la recherche de l’amour – et « pas d’une aventure d’un soir » – remplissen­t une fiche de profil qu’elle consulte régulièrem­ent. « On parle beaucoup quand on est dans le fauteuil. Parfois, je me dis : “Je verrais bien cette personne avec celle-ci”. » La coiffeuse échange alors les numéros, mais ne donne « aucune photo », précise-t-elle. Le reste est du ressort des deux inconnus. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Carine a du flair : elle a déjà formé douze couples.

Après l’amour, l’emploi

Pour fêter le premier anniversai­re de son concept, l’entremette­use va élargir son coeur de cible car, parmi la quarantain­e de personnes qui ont rempli une fiche de profil, tous ne recherchen­t pas que l’amour. « J’ai beaucoup de clients chefs d’entreprise, et d’autres qui sont à la recherche d’un emploi. Je commence donc à demander les CV, notet-elle. Récemment, j’ai aussi mis en relation deux femmes de 70 ans qui vont désormais au marché ensemble. » Carine Lopes déplore la disparitio­n des slows en boîtes de nuit ou encore le fait que les jeunes cherchent l’amour « dans les poubelles d’Internet ». « Moi, je veux que les gens s’écoutent parler et qu’ils apprennent à se découvrir », dit celle qui ne demande pas d’argent pour son « service ». Sa seule « consécrati­on » : un mariage parmi les couples qu’elle permis de former. * Le prénom a été modifié.

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Carine Lopes, dans son salon de Grisy-Suisne, en Seine-et-Marne.

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