L’amour au bac à shampoing
Chez Carine, la coiffeuse devenue entremetteuse
Juliette* se souvient bien du jour où, lors d’un rendez-vous chez le coiffeur il y cinq ans, elle a fait part de son envie de trouver à nouveau l’amour. « Plus tard, mon téléphone a sonné et j’ai accepté que l’on donne mon numéro à un inconnu. » Après quelques sorties, la quinquagénaire a commencé à partager sa vie avec cet homme, avec qui elle est toujours aujourd’hui. Entre eux, il n’y a pas eu d’applis, de likes, ni d’agences matrimoniales mais… Carine Lopes, coiffeuse de Grisy-Suisnes (Seine-et-Marne). Depuis cette histoire, la patronne du Salon a décidé de pimenter ses mises en plis avec des mises en relations amoureuses. « A force de parler et de voir que les personnes étaient seules, je me suis lancée de manière officielle, il y a un an, à l’occasion de la Saint-Valentin, dans les rencontres. Il y avait un réel besoin. » Les chiffres de l’Insee ne la contrediront pas : il y a 43 % de célibataires en Ile-de-France. Entre deux coups de ciseaux, les clients à la recherche de l’amour – et « pas d’une aventure d’un soir » – remplissent une fiche de profil qu’elle consulte régulièrement. « On parle beaucoup quand on est dans le fauteuil. Parfois, je me dis : “Je verrais bien cette personne avec celle-ci”. » La coiffeuse échange alors les numéros, mais ne donne « aucune photo », précise-t-elle. Le reste est du ressort des deux inconnus. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Carine a du flair : elle a déjà formé douze couples.
Après l’amour, l’emploi
Pour fêter le premier anniversaire de son concept, l’entremetteuse va élargir son coeur de cible car, parmi la quarantaine de personnes qui ont rempli une fiche de profil, tous ne recherchent pas que l’amour. « J’ai beaucoup de clients chefs d’entreprise, et d’autres qui sont à la recherche d’un emploi. Je commence donc à demander les CV, notet-elle. Récemment, j’ai aussi mis en relation deux femmes de 70 ans qui vont désormais au marché ensemble. » Carine Lopes déplore la disparition des slows en boîtes de nuit ou encore le fait que les jeunes cherchent l’amour « dans les poubelles d’Internet ». « Moi, je veux que les gens s’écoutent parler et qu’ils apprennent à se découvrir », dit celle qui ne demande pas d’argent pour son « service ». Sa seule « consécration » : un mariage parmi les couples qu’elle permis de former. * Le prénom a été modifié.
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