Une sale mouche les a piqués
Les marronniers du jardin du Luxembourg doivent être abattus
Un petit insecte les rend malades et creux. « Malgré sa belle apparence au moment des vols nuptiaux, la mouche mineuse reste un parasite résistant. Elle attaque tous les marronniers, c’est un problème national », souligne l’un des jardiniers du Luxembourg (6e). Pour « faire obstacle » à la propagation de cette maladie, il a été prévu d’abattre les marronniers, plante dominante parmi les 3 000 arbres que compte le parc, et de replanter d’autres essences. En l’occurrence 26 chênes chevelus, 31 féviers d’Amérique et 11 arbres aux quarante écus.
« Ils peuvent tomber »
Ce « programme de rénovation » organisé par le Sénat, gestionnaire du jardin depuis 1879, doit s’achever en 2021. Lorsque les premiers marronniers ont été abattus, début février, Danièle Halba, une habituée des lieux, n’a pas pu cacher son mécontentement et a dénoncé « une politique de destruction massive engagée au Sénat » ainsi que la disparition du jardin en sa qualité d’« arboretum ». Une dernière critique contre laquelle s’élève le jardinier pour qui, au contraire, l’heure est bien à la diversification de la faune et de la flore du jardin puisqu’il comprend des essences exotiques (un eucalyptus, des platanes, des lauriers palmes) et endémiques (des chênes chevelus, des ormes). A la tête du chantier d’abattage et de replantation du jardin du Luxembourg, Sébastien Lambert. Pour le paysagiste, les marronniers du jardin du Luxembourg présentent un réel danger : « Le creux à l’intérieur de ces arbres est gros, ils sont fragilisés. Ils peuvent tomber à tout moment. » Le spécialiste assure que le programme de rénovation est fait dans les règles de l’art : « On laisse un espace de 6 à 9 m3 pour que le nouvel arbre pousse. » Dans les cinq années à venir, la chambre haute du Parlement a prévu d’abattre 244 marronniers. L’introduction « des espèces plus adaptées à la sécheresse et à un climat plus chaud » est à l’étude, selon la direction de communication du Sénat. « L’alignement des plantations, le piétinement important par le public et l’évolution climatique » jouent dans le choix de ces nouvelles essences. Que le public pourra admirer d’ici plusieurs saisons, sans se douter que la moitié des arbres étaient auparavant des marronniers.