Les vaches encouragées à réduire les gaz
Des recherches sont menées autour de l’émission de méthane
Etonnants microbiotes. L’un de ces gigantesques et méconnus écosystèmes gît au coeur de votre intestin : 100000 milliards de bactéries qui pèsent plus lourd que notre cerveau et qui vous aident à digérer. L’étude de ce microcosme chez les animaux pourrait rendre la planète un peu plus verte. C’est que les vaches et autres ruminants sont de véritables usines à gaz. Leurs rots et leurs pets rejettent dans l’atmosphère du méthane, un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2. Cette production de méthane, c’est une question de microbiote. « Il permet aux ruminants d’assimiler des aliments aussi indigestes que l’herbe ou le fourrage, commence Diego Morgavi, chercheur à l’Inra ClermontFerrand. En cela, le microbiote est capital. » Ne peut-on alors rien faire contre le méthane? Pas tout à fait. Diego Morgavi et d’autres chercheurs de l’Inra, présente au Salon de l’agriculture, planchent sur des solutions. Des entreprises privées aussi. La première, identifiée au début des années 2000, consiste à diversifier le régime alimentaire des ruminants en introduisant des nutriments riches en lipides, comme les graines de lin. Celles-ci permettent de réduire de 20 % les rejets de méthane des bovins. Le hic, c’est que peu d’éleveurs appliquent cette méthode coûteuse.
Des agriculteurs à impliquer
D’autres additifs alimentaires sont à l’étude. Comme le 3NOP, un inhibiteur de méthane testé avec un certain succès aux Etats-Unis. Mais le processus de recherche risque d’être encore long. L’association Bleu-Blanc-Coeur, elle, ne veut pas attendre. Depuis 2016, elle a créé un fonds alimenté par des dons de particuliers et l’a redistribué aux 600 éleveurs adhérents, qui s’engagent à réduire les émissions de méthane de leur bétail sans augmenter le prix de leur lait. « L’an dernier, nous avons réussi à redistribuer 500 € à chacun », précise Pierre Weill, coprésident. Un geste symbolique certes, mais important.