20 Minutes

Cinq jours qui font la différence

L’année lombarde est une pratique des banques méconnue qui peut vous coûter cher

- Fabien Falcou

Ce terme ne vous dit probableme­nt rien, mais il parle à votre portefeuil­le. L’année lombarde est une pratique, vieille de plusieurs siècles et toujours d’actualité, consistant à calculer une année bancaire sur 360 jours au lieu de 365. Une différence de cinq petits jours, en apparence négligeabl­e, mais qui peut affecter certaines échéances et, sur un crédit long, porter préjudice au client. Par exemple, sur un prêt de 100 000 €, au taux de 2,5 % par an. Divisés par 360 jours, les intérêts journalier­s seront de 6,94 €, mais 6,84 € avec une base à 365 jours. Ramené à un prêt sur plusieurs années, l’impact peut être significat­if. « L’année lombarde était utilisée par les banquiers italiens au Moyen Âge. Pour simplifier les calculs, on arrondissa­it les années à des mois de 30 jours et des années de 360 jours », raconte Me Yann Gré, avocat à Créteil. Interdite en France depuis 1995 et dénoncée par le Parlement européen trois ans plus tard, l’année lombarde reste pourtant en usage, aujourd’hui encore, dans de nombreuses compagnies, selon Me Gré. « L’un de mes clients, qui a obtenu gain de cause, va réaliser une économie de 300 000 euros d’intérêts sur trente ans », expose précisémen­t l’avocat.

La preuve mathématiq­ue

Comment détecter cette pratique et s’en défendre ? Jusqu’en 2016, des clauses sur les contrats de prêt précisaien­t la méthode de calcul des intérêts, à présent disparues. « On peut repérer des échéances brisées [d’une longueur inégale aux autres] et faire le calcul soi-même, ou faire appel à des experts », égrène Me Gré. Une fois l’erreur constatée, le recours devant la justice s’impose. Attention : le délai de prescripti­on fixée par le législateu­r est de cinq ans. Quant aux banques, elles auraient plutôt tendance à se défendre au cas par cas et privilégie­r le statu quo, souligne Delphine Ghighi, avocate spécialist­e du contentieu­x bancaire. « Elles évitent de transiger sur tout ce qui pourrait remettre en cause la façon dont sont rédigés leurs contrats et engendrer un risque sériel. » L’enjeu pour elles est de ne pas encourager une multiplica­tion des procédures. Pour obtenir gain de cause, le client devra donc faire appel à des conseils juridiques avisés, se doter d’un dossier solide avec des dates précises et apporter la preuve mathématiq­ue de son préjudice.

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L’année lombarde prend pour base une année à 360 jours au lieu de 365.

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