Le Roux de l’infortune
Après les révélations sur l’emploi de ses filles comme assistantes parlementaires, le ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux, a démissionné du gouvernement.
Quatre (tout) petits mois et puis s’en va. Bruno Le Roux a démissionné, mardi, du ministère de l’Intérieur, un jour seulement après des révélations sur l’emploi de ses deux filles adolescentes comme collaboratrices parlementaires. La polémique aura été aussi courte que son accession à un maroquin aura été longue et laborieuse... Lorsque François Hollande effectue sa traversée du désert après son départ de la direction du PS, en 2008, Bruno Le Roux fait partie des rares fidèles à rester dans sa garde rapprochée. Le député de Saint-Denis est nommé porte-parole du candidat socialiste lors de la présidentielle de 2012. Il était déjà devenu, à la demande de François Hollande, secrétaire national du PS chargé des élections de 2000 à 2008, puis président du groupe à l’Assemblée nationale en 2012. Spécialiste des dossiers de sécurité et de police, Bruno Le Roux rongeait son frein, espérant rejoindre l’Intérieur ou la Défense, à chaque remaniement. L’an dernier, il s’était mis en tête de prendre la présidence de l’Assemblée si Claude Bartolone l’avait emporté aux régionales en Ile-de-France. En vain, vu l’échec de ce dernier face à Valérie Pécresse.
Un bilan plutôt mince
Pendant plus de quatre ans, le président du groupe PS a joué le rôle de démineur face aux frondeurs de sa majorité. Et continué de chanter les louanges du président, même lors de la sortie du livre Un président ne devrait pas dire ça. Un mois plus tard, la fidélité a enfin payé. Avec 106 petits jours passés à l’Intérieur, le bilan de Bruno Le Roux est forcément mince. Il a tout de même porté devant le Parlement la loi sécurité publique promulguée le 1er mars, qui révise les règles de la légitime défense pour les policiers. Confronté à l’affaire Théo, le « premier flic de France » a évoqué un « tragique accident », avant de regretter sur Twitter un terme « inapproprié ». Autre couac : lors des manifestations policières, il oublie d’informer les syndicats du bilan de la concertation policegendarmerie avant qu’il ne soit rendu public. Ce qui lui vaut une volée de bois vert des organisations syndicales... Son ministère fut bel et bien amer.