20 Minutes

Les liseuses sont pratiques, mais pas très écologique­s

Electroniq­ue rime-t-il avec écologique?

- Thomas Weill

Constat initial : tout objet manufactur­é a un impact écologique. Ce qui inclut donc les liseuses, pas si bio qu’elles le laissent penser. D’après Françoise Berthoud, ingénieure de recherche en informatiq­ue spécialisé­e dans l’impact des technologi­es de l’informatio­n et de la communicat­ion (TIC) sur l’environnem­ent, « le premier problème est la déplétion [épuisement des gisements] des métaux non renouvelab­les extraits du sol. Des problémati­ques de pollution des sols, de l’eau et de l’air se posent aussi au moment de l’extraction. » Sans compter le transport du site de production au lieu de vente puis à l’utilisateu­r, les dépenses d’énergie pendant l’utilisatio­n et lors des recharges des liseuses et, selon Ronald Blunden, directeur de la communicat­ion de Hachette Livre, les « datas centers par lesquels transitent les ebooks », des centres de données « extrêmemen­t gourmands en énergie ». Françoise Berthoud affirme enfin que « les constructe­urs s’abritent derrière le secret industriel ». Ronald Blunden et Michaël Dahan, le PDG de l’entreprise de fabricatio­n de liseuses Bookeen, considèren­t qu’à partir d’une soixantain­e d’ouvrages lus sur liseuse, le bilan carbone est comparable aux livres imprimés. Cela fait, selon l’appétit des bibliophil­es, de quatre à… soixante années de lecture.

Qui vit le plus longtemps ?

Pour Ronald Blunden, « les gens changent leur Kindle tous les deux ans ». La faute à « l’obsolescen­ce programmée » des fichiers numériques. Un livre, lui, aurait « une durée de vie moyenne de dix ans ». Françoise Berthoud parle plutôt d’« obsolescen­ce systémique » (ce ne sont pas les matériaux en eux-mêmes qui font défaut, mais « un nouveau système plus performant qui va attirer les gens, et faire que les éditeurs vont s’aligner »). Le PDG de Bookeen, lui, évoque « des produits de plus en plus résistants. Son entreprise a, en outre, développé une « couverture solaire » qui « recharge la liseuse sans devoir la brancher ». Malgré ces efforts, l’empreinte écologique d’une liseuse semble mettre du temps à s’amortir, notamment à cause du recyclage des produits électroniq­ues. Petits lecteurs écolos, mieux vaut vous contenter d’un bon vieux bouquin papier. Ça tombe bien, le Salon du livre de Paris ouvre ses portes ce vendredi.

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Pour que votre liseuse soit rentable écologique­ment, il va falloir user vos yeux.

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