Les liseuses sont pratiques, mais pas très écologiques
Electronique rime-t-il avec écologique?
Constat initial : tout objet manufacturé a un impact écologique. Ce qui inclut donc les liseuses, pas si bio qu’elles le laissent penser. D’après Françoise Berthoud, ingénieure de recherche en informatique spécialisée dans l’impact des technologies de l’information et de la communication (TIC) sur l’environnement, « le premier problème est la déplétion [épuisement des gisements] des métaux non renouvelables extraits du sol. Des problématiques de pollution des sols, de l’eau et de l’air se posent aussi au moment de l’extraction. » Sans compter le transport du site de production au lieu de vente puis à l’utilisateur, les dépenses d’énergie pendant l’utilisation et lors des recharges des liseuses et, selon Ronald Blunden, directeur de la communication de Hachette Livre, les « datas centers par lesquels transitent les ebooks », des centres de données « extrêmement gourmands en énergie ». Françoise Berthoud affirme enfin que « les constructeurs s’abritent derrière le secret industriel ». Ronald Blunden et Michaël Dahan, le PDG de l’entreprise de fabrication de liseuses Bookeen, considèrent qu’à partir d’une soixantaine d’ouvrages lus sur liseuse, le bilan carbone est comparable aux livres imprimés. Cela fait, selon l’appétit des bibliophiles, de quatre à… soixante années de lecture.
Qui vit le plus longtemps ?
Pour Ronald Blunden, « les gens changent leur Kindle tous les deux ans ». La faute à « l’obsolescence programmée » des fichiers numériques. Un livre, lui, aurait « une durée de vie moyenne de dix ans ». Françoise Berthoud parle plutôt d’« obsolescence systémique » (ce ne sont pas les matériaux en eux-mêmes qui font défaut, mais « un nouveau système plus performant qui va attirer les gens, et faire que les éditeurs vont s’aligner »). Le PDG de Bookeen, lui, évoque « des produits de plus en plus résistants. Son entreprise a, en outre, développé une « couverture solaire » qui « recharge la liseuse sans devoir la brancher ». Malgré ces efforts, l’empreinte écologique d’une liseuse semble mettre du temps à s’amortir, notamment à cause du recyclage des produits électroniques. Petits lecteurs écolos, mieux vaut vous contenter d’un bon vieux bouquin papier. Ça tombe bien, le Salon du livre de Paris ouvre ses portes ce vendredi.