La sécurité mal notée à l’école
Une étude souligne plusieurs failles dans les collèges et les lycées français
La fusillade de Grasse (Alpes-Maritimes), les incidents en SeineSaint-Denis et les agressions de proviseurs ont remis en lumière la question de la sécurité des collèges et lycées français. D’où la volonté du syndicat des chefs d’établissement (SNPDEN) de faire un état des lieux dans ce domaine, via une enquête*, rendue publique jeudi.
L’architecture des bâtiments. Selon 64 % des chefs d’établissement, la configuration des lieux ne favorise pas la sécurité. C’est encore plus vrai dans les lycées, affirment 76 % des proviseurs. « Beaucoup de bâtiments ont été construits comme des campus américains, avec des kilomètres d’enceintes », explique Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN. Or, plus un établissement est « compact », plus il est facile à sécuriser.
Le contrôle des accès. Selon les trois quarts des chefs d’établissement, un contrôle des accès est effectué via la loge du gardien. Les élèves doivent montrer leur carte d’inscription ou leur carnet de correspondance. Et les visiteurs leur pièce d’identité. Mais 16 % des établissements ne disposent d’aucun système de contrôle. « C’est surtout le cas des établissements ruraux où le contrôle est visuel », indique Philippe Tournier.
Les attroupements. « La question des attroupements devant les établissements [pour discuter ou fumer une cigarette par exemple] n’est absolument pas réglée », s’insurge Philippe Tournier. Selon l’étude, la moitié des établissements ont créé une zone fumeurs aux lendemains des attentats de Paris et ont donc contrevenu à la loi anti-tabac. Par ailleurs, 33 % des principaux et proviseurs dénoncent l’absence de rondes de policiers. « Il est étrange que les établissements les plus exposés soient aussi les plus abandonnés à eux-mêmes », commente Philippe Tournier.
Les systèmes d’alerte. Alerte incendie, sonnerie de fin de classe… Il y a de quoi perdre le nord. D’ailleurs, 55 % des chefs d’établissements déclarent ne pas avoir d’alerte confinement et 40 % ne pas disposer d’alerte intrusion. « Si les élèves ont peu entendu certaines d’entre elles, ils risquent de réagir différemment en cas de déclenchement. Or, la rapidité de réaction après le signal est essentielle en cas de danger », rappelle Philippe Tournier. Sur ce point, le SNPDEN recommande l’utilisation de haut-parleurs avec un message clair du type : « Bâtiment B, enfuyez-vous ».
Le manque de formation. Selon le SNPDEN, dans les trois quarts des établissements, aucun personnel n’a été formé aux questions de sécurité. « Nous réclamons, entre autres, que les établissements soient dotés d’un agent de sécurité », martèle Philippe Tournier. *Enquête à laquelle ont répondu 2 130 établissements entre le 6 et le 9 mars.