20 Minutes

Chacun chez soi, la sérénité partout

C’est l’indifféren­ce qui règne entre les habitants du 16e et les résidents du centre d’accueil

- Camille Anger

Un samedi du mois de mars, aux abords de la résidence destinée aux personnes sans domicile fixe et aux réfugiés du bois de Boulogne (16e), « on dirait qu’il n’y a personne ». Agnès et Marie-Jeanne se demandent si les logements ouverts en novembre sont vraiment occupés. Tous les jours, ces deux retraitées promènent leurs chiens dans les environs de la porte de Passy. Et, depuis l’ouverture il y a cinq mois, « nous n’avons jamais été dérangées », admettent-elles. En revanche, « je note de plus en plus de familles en train de mendier près des rues commerçant­es, ça pullule! » lâche Marie-Jeanne. Un constat partagé par Natercia, lors d’une pause au soleil dans le jardin du Ranelagh. Mais, pour ce qui est du centre, cette concierge de la rue de Passy reconnaît à son tour ne voir « jamais personne dans la journée ». Au beau milieu de l’après-midi, Ali*, 19 ans, sort du foyer où il est arrivé deux mois plus tôt, sur les conseils de son assistante sociale, à la suite d’un échec en tant qu’apprenti. « Je me sens un peu à part ici. J’ai l’impression d’y croiser beaucoup de personnes âgées… », commente-t-il avant de pointer du doigt un homme au dos courbé, les cheveux gris, qui se dirige vers la résidence. S’il ne côtoie pas vraiment ses voisins de chambre (ils sont 200 au total), il n’a remarqué aucune tension perceptibl­e avec les riverains, comme cela a été le cas à la création du centre.

« C’est tranquille »

« La relation avec eux ? Rien à signaler ! commente Aldo*, qui promène ses chiens depuis vingt-cinq ans aux abords de l’allée des Fortificat­ions. Ça ne me gêne pas, en fait, ces bâtiments. Avant son installati­on, je me posais des questions, mais c’est tranquille finalement. » Annie*, qui habite juste en face du foyer, se demande, elle, comment « ces personnes aux revenus des plus modestes peuvent se débrouille­r » dans un quartier où « faire ses courses est inabordabl­e ». C’est en ce sens qu’elle juge l’emplacemen­t mal choisi. Lionel Lemaire, président de l’associatio­n des riverains du bois de Boulogne, abonde : « Personne n’est venu se plaindre au sujet des résidents. Ce qui nous dérange, c’est la violation du bois de Boulogne qui sert de réserve foncière. » Les relations sont-elles aussi sereines qu’elles n’y paraissent ? Claude Goasguen, maire de l’arrondisse­ment, avait demandé l’installati­on de caméras de vidéosurve­illance à la préfecture après trois départs de feu repérés dans la résidence. « Les riverains [du 16e] ne sont pas du genre dynamiteur­s de centres de SDF », avait-il déclaré au Parisien. Malgré nos sollicitat­ions, nous n’avons pu le joindre. * Les prénoms ont été changés.

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Le centre a ouvert en novembre et accueille aujourd’hui 200 personnes.

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