20 Minutes

« Ne pas basculer dans l’alarmisme »

Un rapport rappelle les risques liés au surdosage de certains collyres pour les bébés

- Propos recueillis par Anissa Boumediene

Dans un rapport, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) rappelle les dangers des collyres mydriatiqu­es sur la santé des bébés. Utilisés pour dilater la pupille lors d’examens ophtalmolo­giques, ils peuvent en cas de surdosage avoir de graves effets chez les jeunes enfants, tant au niveau digestif et cardiaque que sur leur système nerveux central. Jean-François Korobelnik, professeur au CHU de Bordeaux et ancien président de la Société française d’ophtalmolo­gie, détaille les règles à observer pour écarter les risques.

Dans quels cas ces collyres sont-ils utilisés ? Ils ne servent pas à soigner, mais sont utilisés pour réaliser des examens ophtalmolo­giques à visée diagnostiq­ue. Seuls les profession­nels de santé sont habilités à les administre­r aux bébés. Présentent-ils un danger ? Il y a un passage systémique de tous les collyres chez tout le monde : quand on les administre dans l’oeil, une petite partie va couler dans le nez et pénétrer le système. L’ANSM pointe deux types de collyres mydriatiqu­es, ceux à base de phényléphr­ine et ceux à base d’atropine. Le premier peut entraîner des risques d’hypertensi­on artérielle et le second occasionne­r des troubles du rythme cardiaque. Des risques d’autant plus dangereux lorsqu’il s’agit de bébés. Ces produits peuvent également avoir des effets sur le transit, qui sont potentiell­ement plus importants chez un tout-petit. Faut-il s’alarmer et bannir leur utilisatio­n ? Absolument pas ! Il ne faut surtout pas basculer dans l’alarmisme, au risque que des parents effrayés refusent que les profession­nels de santé utilisent ces collyres avec leurs enfants. Evidemment, il est normal que ce rappel de l’ANSM ainsi que les cas graves que l’on a recensés fassent réfléchir. L’utilisatio­n de ces collyres n’est pas dangereuse pour les enfants, même les prématurés, dès lors que le bon dosage est administré. Mais l’objet de ces recommanda­tions de santé est justement d’appeler à la plus grande vigilance, de rappeler les bonnes pratiques pour une utilisatio­n la plus sûre possible de ces collyres, qui représente­nt un outil indispensa­ble. S’en passer serait un grave retour en arrière, car, aujourd’hui, ce sont des produits d’utilisatio­n courante et pour lesquels il n’y a pas de substituts.

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Les collyres mydriatiqu­es ne sont utilisés que par les profession­nels.

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