« Ne pas basculer dans l’alarmisme »
Un rapport rappelle les risques liés au surdosage de certains collyres pour les bébés
Dans un rapport, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) rappelle les dangers des collyres mydriatiques sur la santé des bébés. Utilisés pour dilater la pupille lors d’examens ophtalmologiques, ils peuvent en cas de surdosage avoir de graves effets chez les jeunes enfants, tant au niveau digestif et cardiaque que sur leur système nerveux central. Jean-François Korobelnik, professeur au CHU de Bordeaux et ancien président de la Société française d’ophtalmologie, détaille les règles à observer pour écarter les risques.
Dans quels cas ces collyres sont-ils utilisés ? Ils ne servent pas à soigner, mais sont utilisés pour réaliser des examens ophtalmologiques à visée diagnostique. Seuls les professionnels de santé sont habilités à les administrer aux bébés. Présentent-ils un danger ? Il y a un passage systémique de tous les collyres chez tout le monde : quand on les administre dans l’oeil, une petite partie va couler dans le nez et pénétrer le système. L’ANSM pointe deux types de collyres mydriatiques, ceux à base de phényléphrine et ceux à base d’atropine. Le premier peut entraîner des risques d’hypertension artérielle et le second occasionner des troubles du rythme cardiaque. Des risques d’autant plus dangereux lorsqu’il s’agit de bébés. Ces produits peuvent également avoir des effets sur le transit, qui sont potentiellement plus importants chez un tout-petit. Faut-il s’alarmer et bannir leur utilisation ? Absolument pas ! Il ne faut surtout pas basculer dans l’alarmisme, au risque que des parents effrayés refusent que les professionnels de santé utilisent ces collyres avec leurs enfants. Evidemment, il est normal que ce rappel de l’ANSM ainsi que les cas graves que l’on a recensés fassent réfléchir. L’utilisation de ces collyres n’est pas dangereuse pour les enfants, même les prématurés, dès lors que le bon dosage est administré. Mais l’objet de ces recommandations de santé est justement d’appeler à la plus grande vigilance, de rappeler les bonnes pratiques pour une utilisation la plus sûre possible de ces collyres, qui représentent un outil indispensable. S’en passer serait un grave retour en arrière, car, aujourd’hui, ce sont des produits d’utilisation courante et pour lesquels il n’y a pas de substituts.