Un boîtier pour bien s’entendre
Une société propose le contrôle des nuisances sonores dans les locations de courte durée
Julien branche un petit boîtier blanc au secteur, le connecte et le pose sur une étagère. Puis le salarié de Absolu Travel – une agence immobilière spécialisée dans l’hébergement touristique – referme la porte. Les occupants qui loueront cet appartement du Marais (3e) n’auront pas le droit à l’erreur en ce qui concerne le bruit durant leur séjour. Fin 2015, face à l’explosion des locations de courte durée sur des plateformes de type Airbnb, a fortiori des nuisances sonores engendrées, une société de Barcelone, Roomonitor, a eu l’idée de commercialiser un boîtier détecteur de bruit. Quand un certain nombre de décibels – non précisé par l’entreprise mais ne correspondant pas à l’utilisation normale de l’appartement – est dépassé, le boîtier déclenche une « alerte », en l’occurrence un appel ou un SMS à destination du propriétaire ou de l’agence gérante. Le but : « Pérenniser les relations entre les résidents, les voisins et les propriétaires, sur des logements régulièrement pointés du doigt », explique Dominic Bahmani Fard, responsable du développement international chez Roomonitor. Un système qui séduit de plus en plus dans certaines grandes villes européennes, comme Paris, Londres, Prague, Amsterdam... Au prix de 149 € auquel s’ajoute un abonnement mensuel de 9,90 €, près de 500 boîtiers ont d’ores et déjà été installés à Barcelone. Et Absolu Travel en a commandé une trentaine depuis le mois de janvier.
Le détail des décibels
Dans son bureau, Patrick Le Carré, responsable administratif et du suivi technique des appartements, contrôle sur une interface l’activité des logements. « Nous avons le détail des décibels, minute par minute, accompagné d’un rapport journalier », pointe celui qui n’a, jusqu’à présent, eu affaire à aucun dépassement de seuil, en France. Le locataire, lui, est informé de la présence d’un tel système, affirme Patrick Le Carré. Et si l’agence indique « Wi-Fi » sur le boîtier, alors qu’il ne s’agit en aucun cas d’une box Internet, elle se défend de mentir. « Le Wi-Fi est quelque chose de vital, donc les gens ne cherchent pas à débrancher ce boîtier », confie-t-il. Quid de la vie privée ? « Ce boîtier ne fait pas la distinction entre les bruits et n’enregistre pas les discussions. La vie privée n’est en aucun cas compromise », insiste Roomonitor, qui refuse de qualifier le boîtier de « mouchard ». Quant aux « réactions » à la suite d’une alerte, chaque propriétaire est laissé juge : « Certains retiennent une partie de la caution à partir de deux alertes, d’autres peuvent faire appel aux forces de l’ordre. »