« Petit à petit », la famille d’exilés s’est intégrée
Une famille de Syriens est repartie de zéro il y a deux ans
«Il y a des dates que vous n’oubliez pas », lancent Rimah et Adnan Ali. Ce couple de journalistes syriens réfugiés en France avec leurs deux enfants se souvient avec précision du 9 septembre 2015, date de leur arrivée à Paris. Après trois années d’exil en Turquie, la famille est approchée par Reporters sans frontières pour intégrer le programme d’accueil élaboré par la France avec le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU. A l’époque, seule une poignée de maires se sont portés volontaires pour héberger les 500 réfugiés acceptés par l’Etat. Bernard Moraine (DVG), l’édile de Joigny, en fait partie. Deux ans après, la famille Ali s’est intégrée, « petit à petit », dans la vie de cette commune qui longe les bords de l’Yonne. « Nous vivons l’intégration comme un nouveau défi », confie le père, Adnan. Après cinq mois dans un studio exigu du centre d’accueil de demandeurs d’asile, la famille emménage dans un logement social. Depuis, tout est allé très vite à en croire Rimah, la Bernard Moraine, maire de Joigny maman : « Nos enfants sont scolarisés, ils parlent bien le français. Mjd est membre du club de foot de Joigny. » La situation professionnelle du couple est plus délicate : « Malgré notre profil arabophone, c’est difficile d’intégrer un média sans maîtriser mieux le français. » Mais ils s’accrochent et saluent « l’accueil » dont ils ont bénéficié. Un accueil qui n’était pas gagné d’avance. Ravagée par la révision générale des politiques publiques, la ville a perdu « sa maternité, sa réserve militaire, ses deux tribunaux ». Si la prise en charge de réfugiés paraît évidente au maire, il communique peu sur la mesure auprès des administrés. Les médias locaux, eux, s’emparent du sujet, ce qui lui vaut des « flots d’insultes » sur les réseaux sociaux. « L’Etat et la région financent une grande partie des dépenses et des associations accompagnent des familles. Ici, on ne gagne pas les élections avec ce genre de politique, mais j’ai opté pour le côté optimiste des choses. »
« Ici, on ne gagne pas les élections avec ce genre de politique. »