Sans perte ni fracas pour Tony Yoka
Le champion olympique de Rio dispute son deuxième combat chez les professionnels, samedi
«Au moins, celui-là, il ressemble à un athlète. » Brahim Asloum résume assez bien la pensée populaire, à la veille du deuxième combat pro de Tony Yoka, face à Jonathan Rice. En juin, pour le dépucelage du champion olympique de Rio chez les pros, la dégaine de son adversaire surprenait. Trop vieux, trop gras et trop lent, Travis Clark n’avait pas fait le poids et s’était retrouvé K.-O., après à peine plus d’un round.
« Pas être trop exigeant »
Tout le monde espère voir Yoka s’employer un peu plus, samedi, face à Rice. Ça devrait être le cas. Un peu. Car l’Américain, 30 ans, sept victoires en dix combats, n’a rien d’un monstre. Puissant mais peu mobile, Jonathan Rice est un touche-à-tout venu sur le tard à la boxe, après s’être essayé au basket et au foot américain et avoir tourné dans quelques séries TV. « On est dur avec Yoka, et c’est compréhensible, il veut devenir un champion, réagit Asloum. Il ne faut pas être trop exigeant trop tôt. On ne va pas lui faire disputer un championnat du monde tout de suite. Une carrière, ça se construit. » Le compagnon d’Estelle Mossely ne fait que commencer un cycle qui doit lui permettre de défier le big boss Anthony Joshua, dans quatre ans, et devenir le premier champion du monde français des poids lourds. Conscient de ce qui se dit, Tony Yoka s’était défendu dans une interview accordée à L’Equipe, début septembre : « Il y a eu énormément de vacarme sur Clark. Mais le premier adversaire [Hector Mercedes, en 1985] de Mike Tyson comptait trois défaites en trois combats. Il y a beaucoup d’attente et les gens ont envie de me voir boxer des gros durs. Un peu de patience. » Mais, dans ce sport très show, la forme se doit d’être irréprochable. Et la dégaine de Clark ne collait pas au tableau. Brahim Asloum déroule : « C’est un équilibre pas évident à trouver. Il faut un adversaire qui apporte des difficultés, pour apprendre à les surmonter, gagner en expérience, grandir… Mais si tu perds dès tes premiers combats, c’est compliqué de faire une carrière ensuite. » On observera avec attention la capacité de résistance de Jonathan Rice sur le ring du Zénith de Paris, mais l’important restera de déceler chez Tony Yoka les signes d’une boxe en voie de professionnalisation, davantage concentrée sur l’impact. Et il y aura besoin de plus d’un round pour ça.