Avant le Mondial, il y a du boulot avec la vidéo
Avant la Coupe du monde, le système est encore balbutiant
La vidéo dans le foot, c’est censé être limpide, utile, juste. Sauf que tout n’est pas aussi simple depuis le lancement ces derniers mois de la « VAR » (video assistant referee). Et c’est un peu logique. La réforme la plus ambitieuse de l’histoire du football moderne a démarré par l’Italie, l’Allemagne, les Pays-Bas ou encore le Portugal en août et n’en est encore qu’à ses balbutiements. Journaliste sportif pour l’AFP au bureau de Rome, Stanislas Touchot résume : « Ça fonctionne pas mal. En Italie, un premier bilan a été fait au bout de huit journées de championnat : 93 % des cas étaient une confirmation directe dans l’oreillette par l’arbitre vidéo en direction de l’arbitre central que la décision prise était la bonne, sans arrêt de jeu. Il y a eu 7 % de cas qui nécessitaient une intervention directe de la VAR et donc un arrêt de jeu. Ça représente environ 25 interventions. Parmi elles, sept se sont mal terminées (fautes d’arbitrage, cafouillages…). Sur l’échelle d’une saison, ça fait environ une faute de VAR tous les dix matchs. »
Toujours un humain qui juge
Un ratio pas énorme, sauf qu’une erreur tous les dix matchs sur 64 matchs, ça signifierait grosso merdo 6 erreurs lors de l’événement sportif le plus important de la planète. Pas exactement la meilleure façon de vendre un produit controversé. « A l’heure actuelle, ils ne me semblent pas prêts pour la Coupe du monde, lâche Bruno Derrien, ancien arbitre international. C’est encore une phase expérimentale et l’on se rend compte que ça restera toujours un humain qui interprétera une image. J’ai un souvenir difficile du match France-Espagne au Stade de France où la vidéo a fait son travail, mais où la spontanéité s’était perdue. C’est encore trop tôt, il faut qu’on tire des enseignements de tous les cas pour gagner en réactivité et en fluidité. » Alors le système sera-t-il opérationnel pour la Coupe du monde ? Luciano Gonçalves, président de l’Association portugaise des arbitres de football, a une réponse toute faite. « Je pense qu’à partir du moment où on décide de le mettre en place pour la Coupe du monde qui est l’événement majeur, on est en droit de penser que ça se passera bien. Il y a un grand enthousiasme autour de la VAR, qui est perçue comme une plus-value par les arbitres.Il y aura sûrement moins d’erreurs que lors de la Coupe des confédérations et la précédente Coupe du monde des clubs. Il ne faut pas oublier qu’il y aura encore un Mondial des Clubs entretemps et qu’il fera office de répétition générale avant la Russie. » C’est d’ailleurs probablement après ce dernier test que la Fifa prendra sa décision définitive.