Le « lion » Mugabe rugit encore
Le parti au pouvoir au Zimbabwe compte lancer dès ce mardi une procédure de destitution contre le président Robert Mugabe. Ce dernier se refuse jusqu’à présent à démissionner, après trente-sept ans au pouvoir. Agé de 93 ans, le « lion » est aujourd’hui le chef d’Etat le plus âgé au monde. Pour Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), chargé de l’Afrique, cette longévité tient à deux raisons. La première est qu’il est « un héros de la lutte contre l’apartheid, car il a mené le pays à la sortie de la ségrégation raciale ». La seconde est qu’il bénéficie du contrôle de l’armée et de la police : « Il a bâti un régime autoritaire proche de la dictature. » Si les années 1980 sont synonymes de développement économique florissant pour le Zimbabwe, Robert Mugabe a, par exemple, réprimé une révolte des Ndebele, dans la province du Matabeleland, qui aurait fait 20 000 morts entre 1982 et 1986. Il ne devient paria des pays occidentaux qu’au début des années 2000, après une réforme agraire « suicidaire », selon Philippe Hugon. Aujourd’hui, le nonagénaire ne peut plus cacher son âge et sa fatigue alors que le pays change. « La population du Zimbabwe est très jeune et l’apartheid ne parle plus à cette génération », souligne le chercheur. Malgré tout, les officiers qui ont pris le pouvoir ces derniers jours – une première – refusent de viser l’ancien héros, affirmant poursuivre les « criminels de son entourage ».