Un film monstre sous influences
Guillermo del Toro rend hommage à de nombreux auteurs avec «La Forme de l’eau»
Guillermo del Toro peut se frotter les mains : le geek mexicain a gagné la reconnaissance de ses pairs avec La Forme de l’eau, déjà récompensé du Lion d’or à Venise. La rencontre d’une femme timide (Sally Hawkins) et d’une mystérieuse créature aquatique prisonnière permet au réalisateur de Hellboy de réunir ses obsessions – amours fantastiques, expériences interdites, suspense gothique – dans un superbe film somme. 20 Minutes s’est penché sur les films et les cinéastes qui ont inspiré Guillermo del Toro pour réaliser une oeuvre accessible et unique.
Le héros du film : « L’Etrange Créature du lac noir ». A voir le héros, on pense aussitôt à L’Etrange Créature du lac noir (Jack Arnold, 1954), l’une des oeuvres de chevet de Guillermo del Toro. Mais c’est le troisième
Vopus de la saga, La créature est parmi nous (John Sherwood, 1956) qui a inspiré le cinéaste pour ses expériences scientifiques. « Je me suis toujours identifié à la Créature, même si nous n’avons pas le même tour de taille », confie-t-il à 20 Minutes.
grand maître complice : Terry Gilliam. Guillermo del Toro a beaucoup puisé chez Terry Gilliam. « La richesse graphique de son monde et son côté joyeusement désespéré me touchent tout autant que son sens du romantisme bizarre », reconnaît-il. Le look rétro du film n’est pas étranger à l’univers de l’ancien Monty Python, qui est lui aussi un excellent dessinateur. Quant au méchant incarné par Michael Shannon, il n’est pas sans rappeler celui qu’interprète Michael Palin dans Brazil.
Le râleur de génie : Jean-Pierre Jeunet. Le réalisateur du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain n’a pas mâché ses mots pour accuser Guillermo del Toro d’avoir pillé ses oeuvres, dont une
Vscène de danse d’un couple assis sur un lit dans Delicatessen. Mais La Forme de l’eau se révèle plus sombre que les films de Jeunet qui s’est, lui aussi, largement servi chez Terry Gilliam.
La référence : « La Belle et la Bête ». L’amour d’une humaine pour un être que le monde extérieur considère comme monstrueux est au centre
Vdu récit. « J’ai toujours ressenti une grande empathie pour les monstres, explique le cinéaste. C’est eux que je convoquais à mon chevet pour calmer mes terreurs enfantines. » Cette tendresse pour les laissés-pour-compte affleure dans La Forme de l’eau, qui doit beaucoup à La Belle et la Bête de Jean Cocteau.
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