« Comme un repli corporatiste »
Les agriculteurs depuis fin janvier, les salariés des sociétés d’autoroute ce week-end, les cheminots le 22 mars… Les mouvements sociaux se multiplient en France, sans que la « convergence des luttes » rêvée ne se réalise. Pour l’historien Stéphane Sirot, spécialiste des syndicats et des mouvements sociaux, cela doit conduire à un questionnement des modes d’action syndicale.
Le scénario des grandes grèves de 1995 est-il encore envisageable ?
Le contexte n’est plus le même. Les mobilisations interprofessionnelles ont connu des échecs successifs, dont récemment contre les ordonnances Macron. On assiste à une forme de repli corporatiste. D’où la multiplication des conflits sectoriels : les Ehpad, les gardiens de prison, etc.
Le soutien de l’opinion publique n’est plus un apport suffisant pour consolider ces mouvements ?
Il ne suffit plus forcément, ce qui pose donc la question de la stratégie syndicale de grève.
C’est-à-dire ?
Par exemple, la CFDT fait du syndicalisme à la manière d’un lobby, en cher- chant à peser sur l’écriture des textes par du réseau. Mais, si cela échoue, elle ne mobilise pas sa base pour des manifestations. Quant à la CGT, qui cherche souvent à mobiliser, elle ne fait plus peur. Chacun, pourtant, continue sur ses modalités d’action habituelle. Au final, ils se sont intégrés à l’ordre dominant et ne savent plus développer un contre-pouvoir efficace. ■