Marine Le Pen veut redorer son image lors du congrès du Front national
A Lille, ce week-end, Marine Le Pen va tenter de restaurer son image auprès des militants
Ambiance morose à la veille du congrès de « refondation » du Front national, à Lille, samedi et dimanche. Déception des législatives, départ de proches, flottement programmatique, le FN se questionne. Tandis que sa présidente confie sa lassitude. Subir « un trou d’air » après sept ans de présidence « n’a rien d’étonnant », a déclaré jeudi Marine Le Pen.
« Sa crise de leadership est certaine », assure Bruno Cautrès, du Centre de recherches politiques de Sciences Po Paris (Cevipof). Dans la course à l’Elysée, la candidate a semé le doute après un débat télévisé calamiteux face à Emmanuel Macron, même si elle a recueilli un record de 10,6 millions de voix, au soir du second tour. « Les électeurs, et même les militants, s’interrogent sur sa capacité, ou non, à donner le sentiment que le parti peut encore progresser », souligne Bruno Cautrès. L’impression d’une dynamique enrayée se reflète dans la dernière enquête d’opinion Kantar Sofres, où 55 % des sondés ne souhaitent pas que Marine Le Pen soit la candidate du FN pour la prochaine présidentielle. Et moins d’un Français sur cinq estime qu’elle est honnête et inspire confiance, contre 28 % en 2017.
Sûre d’être réélue
Cette image dégradée est cependant relativisée par Jean-Yves Camus, directeur de l’Observatoire des radicalités politiques à la Fondation Jean-Jaurès. « Marine Le Pen est seule candidate à sa réélection. S’il y avait un espace jugé suffisant pour qu’un autre candidat obtienne un score honorable, il y serait allé. »
A Lille, la députée du Pas-de-Calais devrait marteler le besoin de changement stratégique de sa formation pour briser « le plafond de verre » électoral et faire du FN un parti de gouvernement. Pour cela, elle mise sur des alliances avec des « nationaux ». « Mais il faut être deux pour signer une alliance. Les Républicains n’en veulent pas, et la formation de Nicolas DupontAignan reste marginale pour faire gagner le FN », tranche Jean-Yves Camus. Le principe d’un changement de nom du parti, validé jeudi par les militants, « s’il est accompagné d’un changement stratégique, pourrait apporter de la cohérence », remarque Bruno Cautrès. A l’issue du congrès, Marine Le Pen pourrait continuer à subir un « trou d’air ». « Mais, des crises, le parti en a connu des quantités industrielles », indique Jean-Yves Camus. Et les difficultés socio-économiques, la sortie ou non de l’Europe, continuent d’alimenter le discours du FN, estime Bruno Cautrès. ■